La violence n'est pas que physique
La violence n'est pas que physique
Moins connus, les cas de violence psychologique sont néanmoins très importants au Québec. |
LA PRAIRIE - Une étude révélait récemment que la violence conjugale
avait diminué au Québec entre 1993 et 2004. Pourtant, les cas sont
toujours aussi frappants.
Pour Kimberley Plante, directrice
de la maison de transition et d'hébergement l'Égide, le phénomène est
très enraciné. "On est encore dans une société patriarcale qui
encourage le recours à la violence chez les hommes par le biais des
jeux vidéo, des sports et des guerres", expose-t-elle.
Depuis
2000, l'organisme laprairien accueille confidentiellement sept
locataires et leurs enfants pour des séjours de trois mois à un an à
leur sortie de maisons d'hébergement. Sa mission est d'accompagner les
victimes dans le recouvrement de leur autonomie en mettant à leur
disposition un logement abordable et sécuritaire.
"Elles
doivent avoir séjourné un minimum de trois semaines en centre
d'hébergement pour vivre leur crise, en parler et recevoir du soutien",
relate Émilie Loiselle, intervenante auprès des mères et des enfants.
À
leur arrivée, elles sont souvent désorientées, car, après avoir vécu en
communauté avec d'autres victimes, elles se retrouvent seules dans leur
appartement. La moitié d'entre elles sont démunies, consomment des
antidépresseurs et souffrent de maux divers : insomnie, anxiété, choc
post-traumatique, douleurs corporelles, fibromyalgie. Règle générale,
trois mois plus tard, leur apparence physique et esthétique se sont
améliorées et leur isolement est brisé.
Durant leur séjour,
les locataires ont la possibilité de travailler, de reprendre leurs
études, de participer à des programmes d'Emploi-Québec ou de bénéficier
de l'assistance sociale.
L'accent est cependant mis sur la
dévictimisation et la réinsertion sociale. Pour ce faire, les
résidantes doivent s'astreindre à un suivi et à une rencontre de groupe
hebdomadaire.
"On ne les empêche pas de se faire un nouveau
conjoint. Au contraire, on en profite pour discuter avec elles de ce
qu'est une relation saine", explique Mme Plante.
L'Égide
fonctionne en réseau avec les autres acteurs du milieu et réfère sa
clientèle à différents organismes pour des problèmes alimentaires ou de
santé mentale, par exemple.
Le point sur la violence
Selon
la littérature scientifique, 86 % des clientes se retrouvent en centre
d'hébergement pour fuir la violence psychologique ou émotive, 68 % pour
la violence physique, 50 % pour des menaces, 46 % pour l'exploitation
financière, 31 % pour le harcèlement et 27 % pour la violence sexuelle.
"Les
coups laissent des marques. La violence psychologique est moins
apparente, mais beaucoup plus destructrice parce que sournoise",
commente Mme Loiselle. Elle comprend aussi le chantage émotif par le
biais duquel le bourreau se déresponsabilise.
"Plusieurs
attendent de se faire frapper avant de réagir. Parce que sinon, c'est
leur parole contre celle de l'autre", relate Mme Plante.
Selon
l'enquête sociale générale de 2004, les femmes sont aussi violentes que
les hommes. "Cependant, ce qui est bien reconnu, c'est que même si la
violence des femmes envers leur conjoint existe bel et bien, elle n'est
pas comparable, ni en importance ni en gravité, à celle des hommes et
de leur conjointe", soulève-t-on sur le site de l'Institut national de
Santé publique.
Sur la fusillade
Deux jours après la
tuerie survenue en Virginie, les deux intervenantes s'entendent pour
dire que l'accent doit être mis sur l'accès aux ressources pour les
gens qui manifestent des signes avant de passer à l'acte.
"Pour
ces gens qui sont souvent négligés et asociaux, c'est une façon
d'obtenir une certaine publicité et de prendre de l'importance, expose
Mme Plante. Le problème, c'est que l'emphase est souvent mise sur le
bourreau dans les médias. On en parle tellement qu'on retient son nom
et on oublie celui des victimes."
Source
LE REFLET
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