Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
MON COMBAT CONTRE LA FYBROMYALGIE
MON COMBAT CONTRE LA FYBROMYALGIE
Newsletter
Derniers commentaires
MON COMBAT CONTRE LA FYBROMYALGIE
  • La vie est un combat et malgré les maux, il nous faut avancer sur le chemin de notre destinée... - Attention, nous sommes ni médecins, ni thérapeutes. Vous devez absolument consulter avant de changer, arrêter ou prendre un traitement.
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Pages
11 décembre 2012

les plus défavorisés trinquent

Cancer
Les plus défavorisés
Trinquent

 

Le cancer est la première cause de mortalité en France. Mais, s’il se soigne de mieux en mieux, au lieu de se réduire, les inégalités face à la maladie augmentent.

Aujourd’hui, le risque de mourir d’un cancer est multiplié par 2,5 -contre 1,5 dans les années 70- entre les personnes qui ont un niveau d’études bas et celles dont le niveau d’études est élevé. La France est aussi est des pays d’Europe de l’Ouest où les inégalités sociales de mortalité par cancer sont les plus importantes quel que soit le sexe.

Moins on est qualifié, plus la mortalité augmente

Chez les hommes, la mortalité augmente à mesure que la catégorie socioprofessionnelle diminue, chez les femmes, une surmortalité est observée chez les inactives (femmes au foyer, à la retraite, etc.). Le constat est valable pour tous les cancers mais est néanmoins plus marqué chez les hommes atteints d’un cancer du poumon et des voies aérodigestives surpérieures et, depuis peu, de la prostate. L’écart se creuse aussi chez les femmes : les moins diplômées meurent plus souvent du cancer du poumon qu’avant. Et alors qu’il y a plus de cancers du sein chez les femmes cadres (à cause notamment des grossesses tardives), elles en meurent un peu moins que les ouvrières et les employées car elles sont mieux suivies.

La prévention profite aux plus aisés

« La prévention, le dépistage, l’amélioration de la prise en charge et des traitements ont probablement bénéficié de façon plus importante aux catégories les plus favorisées », pointe l’Institut national du cancer (Inca). De fait, dès que l’information passe dans le public, les courbes s’inversent et de nouvelles inégalités apparaissent. Les cadres sont aujourd’hui ceux qui fument le moins alors qu’ils étaient ceux qui fumaient le plus avant que des campagnes de prévention du tabagisme soient mises en place dans les années 80. A contrario, les ouvriers et les employés comptent encore beaucoup de fumeurs. Le phénomène est identique chez les femmes : il y avait plus de fumeuses chez les cadres au début des années 80 mais c’est actuellement les ouvrières et les employées qui fument le plus. C’est encore pire chez les demandeurs d’emploi dont 44% fument contre 28% chez les cadres.

Les inégalités s’ajoutent les unes aux autres

Les causes des inégalités sont multifactorielles : niveau d’études, statut professionnel, revenus, retard au diagnostic, problème d’accès aux soins (« en matière d’offre de soins, la France a un des système les plus favorables de l’OCDE mais c’est la répartition et la coordination qui pêchent », a rappelé Véronique Lucas, géographe de la santé lors des 4èmes rencontres annuelles de l’Inca le 4 décembre dernier), expositions socio-professionnelles, lieu d’habitation, etc. Surtout, les inégalités se cumulent : par exemple, on meurt deux fois plus du cancer en Nord-Pas-de-Calais qu’à Paris ou dans le sud de la France. Pour autant, les différences géographiques n’expliquent pas tout, loin de là : seules 10% des inégalités viennent d’une comparaison avec une autre région, 90% se situent à l’intérieur d’une même région. Les représentations, les croyances, les comportements, les idées reçues, le déni... comptent pour beaucoup. Des facteurs sur lesquels il est souvent difficile d’agir.

Le poids des idées reçues, des comportements, du déni

Mais, dans ce domaine aussi, les inégalités frappent. « Les chômeurs et les moins diplômés sont les plus nombreux à penser qu’ils peuvent fumer toute leur vie sans tomber malade ou que la pollution environnementale est bien plus toxique que le tabac, explique François Beck,solciologue à Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes). Une manière de dire peut-être que la cigarette est le dernier luxe qu’ils peuvent s’offrir ». C’est pareil avec l’alcool. Si la consommation quotidienne a diminué chez tout le monde, en revanche, les inégalités restent fortes sur la représentation qu’en ont les individus. Ainsi, ce sont les moins diplômés qui en minimisent le plus les dangers ou qui n’en voient que le plus visible : les accidents de la route. « Le déni permet de mettre à distance son propre risque, commente François Beck. Il faudrait des efforts spécifiques vis-à-vis des publics les plus défavorisés et les plus fragiles ». Pas si simple. Dans un petit village, pour faire participer plus de femmes au dépistage organisé du cancer du sein, un système de transport gratuit a été mis en place par une association locale. Résultat : ça n’a rien changé, les femmes n’ont pas eu davantage recours à la mammographie.

Difficile de penser au dépistage quant on est dans la survie

« Comment fait-on pour que les gens se sentent concernés, pour qu’ils aient la motivation ? », interroge le sociologue Pierre Mazet, qui travaille sur le non recours aux droits des plus précaires, notamment en matière de dépistage des cancers colorectal et du sein. « Les pauvres sont dans une logique de survie, ils n’arrivent pas à se projeter dans le temps. Quand on est dans l’incertitude du lendemain, on ne va pas forcément se faire dépister pour une maladie que l’on n’a pas encore. Les précaires vivent sur la notion du présent. Or, la prévention parle du futur ». Ils n’ont pas forcément connaissance non plus des programmes de dépistage. « Soit, les gens ne reçoivent pas l’information, soit elle n’est pas compréhensible pour eux, souligne le chercheur. Parfois aussi, ils renoncent devant la complexité du système de soins, allez voir l’assistante sociale pour la quatrième fois depuis un an par exemple, ou alors l’effort demandé est trop important par rapport aux bénéfices escomptés. Par exemple, faire 50 kms pour aller passer une mammographie... ».

Les cancers professionnels passés sous silence

Tout comme le tabac et l’alcool sont considérés comme des facteurs de risques « évitables », les expositions professionnelles à des substances cancérigènes pourraient être évitées aussi. Pourtant, il reste les grands oubliés de la prévention. La France détient même le record d’Europe des morts prématurées (avant 65 ans) chez les hommes dont une grande majorité est causée par le cancer. En 1980 : le taux était 4 fois plus élevé chez les ouvriers que chez les cadres, en 2010, il est 10 fois plus haut. Une injustice criante qui ne relève pas des comportements individuels, souvent mis en cause dans le cancer, mais d’un « manque de volonté d’agir », selon Annie Thébaud-Mony, chercheuse en santé au travail et auteur de “Travailler peut nuire gravement à la santé” (La Découverte). Pour elle, il est urgent que les pouvoirs publics organisent « un dépistage des expositions professionnelles à des produits dangereux sur le modèle de celui qui a été généralisé pour les cancers du sein et du côlon ».

Un message au Président de la République qui a annoncé, la semaine dernière, que le 3ème Plan Cancer, qui démarrera en 2014, « sera un plan de lutte contre contre les inégalités ».

 

-  [11.12.12]   Brigitte Bègue

 

 

-------------------

http://www.viva.presse.fr/

Publicité
Commentaires
Publicité