La Fibromyalgie, Une Maladie Musculaire ?
La Fibromyalgie,
Une Maladie Musculaire ?
La fibromyalgie se définit par l'existence d'un état douloureux chronique et diffus durant plus de 3 mois, avec, à la palpation, au moins 11 points douloureux sur 18 sites possibles (définis par l'American College of Rheumatology). Myalgies et fatigue musculaire sont des motifs très fréquents de consultation, non seulement en rhumatologie mais aussi maintenant dans les consultations spécialisées de pathologie neuromusculaire. Certains arguments conduisent d'emblée à évoquer une fibromyalgie ( v. tableau) : la richesse des douleurs (brûlures, piqûres, déchirures, coups de poignard), leur topographie (diffuses, migratrices), leur chronologie (permanentes, y compris la nuit). D'autres symptômes extramusculaires sont souvent retrouvés : paresthésies, engourdissements, impatiences, prurit, fatigabilité musculaire, arthralgies et surtout asthénie avec troubles du sommeil. D'autres pathologies sont fréquemment associées: gastrite, colopathie, palpitations, lombalgies. Le retentissement est souvent important: insomnie, arrêt professionnel. La fibromyalgie est-elle pour autant une maladie musculaire? Non, en ce sens que les patients chez qui on diagnostique une fibro-myalgie n'ont par définition aucune lésion ou anomalie primitive du tissu musculaire. En revanche, dans de rares cas, un syndrome fibro-myalgique peut être révélateur d'une maladie musculaire, ou parfois venir compliquer une maladie musculaire déjà connue. |
• Avant de retenir le diagnostic de fibromyalgie, la première étape consiste à éliminer une affection musculaire organique sur la normalité de l'examen clinique et d'un bilan biologique minimal (créatine phosphokinase [CPK] au repos, hémogramme, protéine C-réactive, thyréostimuline, bilan phosphocalcique) et, au moindre doute, de l'électromyogramme (EMG). Le recours au spécialiste de pathologie musculaire peut s'avérer nécessaire si l'examen clinique révèle une faiblesse musculaire permanente et si le bilan retrouve une élévation significative du taux de CPK (supérieure à 3N) ou des anomalies franches sur l'EMG.
Les myopathies inflammatoires peuvent se révéler par des myalgies diffuses, mais celles-ci sont en général associées à un déficit moteur franc, à une éruption cutanée (dans les der-matomyosites) et à une élévation du taux de CPK. Les myopathies métaboliques se caractérisent souvent par des douleurs musculaires déclenchées par les efforts, mais cédant au repos, à la différence des douleurs de la fibro-myalgie. Enfin, la dystrophie myotonique de type 2, maladie voisine de la maladie de Stei-nert, peut se manifester par des douleurs musculaires diffuses au premier plan, le diagnostic étant alors posé par l'EMG, qui montre la présence de salves myotoniques.
• La fibromyalgie peut également se surajouter à une myopathie et être une cause de majoration du handicap, une étude menée à la consultation pluridisciplinaire de notre unité ayant retrouvé la présence d'un état douloureux correspondant à la définition de la fibromyalgie chez 17 % des patients.2 Il n'est pas non plus exceptionnel que des patients ayant eu des complications musculaires sous statine développent des douleurs musculo-tendineuses chroniques pouvant persister plusieurs mois après l'arrêt du traitement hypolipémiant.
Il existe donc clairement, dans certains cas, des facteurs déclenchant organiques précis à l'origine de la fibromyalgie, la pérennisation et l'importance de l'état douloureux s'expliquant parfois par un terrain anxiodépressif sous-jacent. Enfin, des symptômes d'intolérance à l'effort liés au déconditionnement musculaire peuvent se surajouter à la fibromyalgie chez des patients devenus inactifs en raison des douleurs.
• Le pronostic et le traitement de la fibro-myalgie dépendent donc en partie de l'existence d'éventuels facteurs déclenchants ou d'une pathologie organique associée pouvant relever d'une prise en charge spécifique.
Le pronostic très variable, est d'autant meilleur que le patient a conservé une activité professionnelle et physique et qu'il accepte si nécessaire un soutien psychologique. En revanche,l'avenir est nettement plus sombre lorsque les douleurs sont installées depuis de nombreuses années et qu'il existe un contexte de consultations multiples, de désinsertion socioprofessionnelle ou de conduite procédurière.
La prise en charge passe par un dialogue avec le patient avec pour objectifs de le rassurer sur l'absence de lésion musculaire, d'expliquer la perturbation de l'intégration du message douloureux, d'analyser d'éventuels facteurs psychologiques (dépression, anxiété, stress), de mettre fin à des consultations multiples. Le traitement repose sur la prescription de traitements antalgiques, d'une physiothérapie centrée sur la relaxation et les massages mais aussi sur une incitation à la reprise d'une activité physique régulière pour lutter contre le déconditionnement, et éventuellement une psychothérapie.
Pathologie musculaire psychogène
-» Fréquente
-» Douleurs
• brûlures, piqûres, diffuses, migratrices, permanentes
-» Association
• asthénie (fatigue chronique) ^ troubles du sommeil
• paresthésies, prurit, impatiences, lombalgies,
douleurs précordiales
• palpitations, colopathie, gastrite
-» Examen
• Douleurs à la pression des masses musculaires, périarticulaires, normal par ailleurs
• Avis psychologique : syndrome dépressif, souffrance
psychologique
• Mauvais pronostic si ancienneté, désinsertion professionnelle, multiples médecins
• Échecs thérapeutiques, élément conversif associé
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