Un gène qui prévient le cancer colorectal
L’équipe de Patrick Mehlen (Lyon) vient de démontrer qu’un gène, DCC (pour Deleted Colorectal Cancer), protège de la survenue de tumeurs colorectales, en induisant la mort des cellules cancéreuses.
Les chercheurs lyonnais ont mis au point un modèle animal porteur d’une mutation sur le gène DCC. Ils ont constaté chez ces souris l’apparition de tumeurs cancéreuses, en raison de l’incapacité du gène à induire l’apoptose des cellules cancéreuses.
La découverte est dans la suite logique des travaux de l’équipe de Patrick Mehlen, du Centre de recherche en cancérologie de Lyon (CRCL, INSERM/CNRS/Centre Léon Bérard/Université Claude Bernard Lyon 1). Ces chercheurs étudient l’apoptose et tout particulièrement le mécanisme qui permet aux cellules de comprendre, lorsqu’elles deviennent anormales, qu’elles doivent s’engager dans un processus d’autodestruction. Les Lyonnais ont mis en évidence que ce mécanisme passe par des « sentinelles » localisées à la surface des cellules et qui scrutent leur environnement. Les chercheurs ont nommé ces sentinelles des « récepteurs à dépendance ».
Ils se sont ensuite penchés sur le concept de ces « récepteurs à dépendance ». Quand un ligand vient s’associer à son récepteur cellulaire, un message classique indique à la cellule que tout fonctionne normalement. La survie de la cellule se poursuit. À l’inverse, lorsqu’aucun ligand ne vient se fixer sur le récepteur, ce dernier envoie un message de suicide à la cellule. Le mécanisme d’apoptose est mis en route.
L’idée de Patrick Mehlen est d’appliquer cette découverte à la recherche contre le cancer.
Dans l’étude parue dans « Nature », l’équipe de Patrick Mehlen montre que le gène DCC code pour un « récepteur à dépendance ». Il protège l’organisme de l’apparition de cancer en provoquant l’apoptose des cellules au moment de leur cancérisation.
La démonstration a été réalisée chez un modèle de souris, sur lequel le gène DCC a été génétiquement modifié. Les chercheurs ont constaté le développement spontané de cancers coliques. Un phénomène du même ordre a déjà été constaté chez l’humain.
Ce travail des chercheurs lyonnais pourrait déboucher dans un futur proche sur un nouveau traitement ciblé de certains cancers. Il viserait à réactiver le processus d’apoptose des cellules cancéreuses. L’équipe a commencé à travailler sur plusieurs molécules candidates. Elle a même développé des médicaments potentiellement capables de relancer la mort cellulaire induite par le récepteur DCC. Ils ont pour l’instant été testés sur des modèles animaux. Mais les chercheurs espèrent être en mesure de les évaluer au cours d’essais en clinique humaine d’ici 3 ans.
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Source : http://www.lequotidiendumedecin.fr/
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