Fatigue, douleurs chroniques
Et si c'était une fibromyalgie ?
La fibromyalgie se caractérise pour de la fatigue et des douleurs chroniques. Un récent rapport de la Haute autorité de santé reconnaissant la réalité du syndrome donne de l'espoir aux patients : ils espèrent une reconnaissance de la fibromyalgie comme pathologie.
C’est une situation qui laisse en général le médecin assez désarmé. En face de lui, il a une patiente qui se plaint de douleurs diverses et d’une fatigue intense. Et il a beau multiplier les examens ou les traitements, rien n’y fait : impossible de trouver ce qui fait souffrir cette patiente, ni même de véritablement la soulager. "Face à une fibromyalgie, les médecins ont globalement deux types d’attitude : certains n’y croient pas et pensent que tout cela est “dans notre tête”.
D’autres n’ont pas forcément de solutions thérapeutiques, mais prennent
le temps d’écouter ce que nous avons à dire, ce qui est absolument
essentiel pour les malades", assure Carole Robert, présidente de
l’association Fibromyalgie France.
La fibromyalgie a été décrite en 1997 par deux auteurs canadiens.
"L’existence d’états douloureux chroniques, sans cause identifiée, est
cependant connue de longue date", relève la Haute Autorité de santé
(HAS), qui a rendu public fin octobre un rapport sur la fibromyalgie.
"Ce syndrome est un ensemble de symptômes dont le principal est une douleur
chronique (persistant plus de trois mois) étendue et diffuse,
permanente, fluctuante, majorée notamment par les efforts. Cette douleur
singulière s’accompagne notamment de fatigue, de perturbations du
sommeil, de troubles dépressifs et anxieux", souligne la HAS.
• 90 % des personnes touchées par la fibromyalgie sont des femmes
Selon Carole Robert, ces symptômes peuvent être très invalidants.
"Notamment les douleurs qui touchent aussi bien les muscles des bras,
des jambes, des pieds, souligne-t-elle. Ces douleurs sont très
difficiles à décrire et à objectiver : parfois, on a l’impression d’être
prise dans un étau. À d’autres moments, ce sont comme des brûlures ou
des coups de couteau. La fatigue, aussi, est particulièrement difficile à
supporter. Dans mon cas, rien que le fait de prendre le métro me laisse
complètement épuisée."
Selon cette responsable associative, la fibromyalgie touche des femmes
dans 90% des cas. Quant au nombre de personnes touchées en France, il
reste impossible à quantifier avec précision.
• Vers une reconnaissance de la fibromyalgie comme pathologie ?
Pendant longtemps, les autorités médicales sont restées un peu
embarrassées face à ces patientes évoquant des symptômes jugés
subjectifs. "Si l’accord paraît aujourd’hui général sur la réalité de ce
syndrome douloureux chronique et même sur sa fréquence, des doutes
persistent sur la légitimité d’en faire une maladie", soulignait un
rapport de 2007 de l’Académie de médecine, en constatant "l’absence de
toute anomalie biologique ou anatomopathologique susceptible de rendre
compte des symptômes déclarés et d’en garantir l’objectivité".
De son côté, la HAS reconnaît qu’un "débat professionnel persiste" sur
l’existence de ce syndrome, qui n’a pas de cause connue. "Il n’existe
pas à ce jour de traitement spécifique, ni de prise en charge bien
établie du syndrome fibromyalgique. Les différents traitements visent à
contrôler les symptômes", reconnaît la Haute Autorité, en soulignant que
le rôle du médecin est d’abord de reconnaître et d’évaluer la
souffrance morale et psychique des patients et le retentissement des
symptômes sur sa vie quotidienne. "Une fois les autres affections
possibles écartées, il convient de reconnaître la réalité du syndrome,
d’informer sur les incertitudes actuelles entourant son origine et sur
le fait que les symptômes, même s’ils persistent, ne conduisent pas à
l’invalidité", indique la HAS, en ajoutant que le traitement doit avoir
pour objectif d’aider le patient à maintenir des activités
professionnelles et sociales quotidiennes et à entretenir une bonne
qualité de vie.
"Pour nous, ce rapport de la HAS est très important. Cela va nous
permettre de poursuivre notre combat pour obtenir une reconnaissance de
la fibromyalgie comme une pathologie à part entière, indique Carole
Robert. Cela va aussi nous permettre de montrer que les personnes qui
souffrent de cette pathologie ne sont pas des hypocondriaques qui
racontent n’importe quoi."
Article paru dans La Croix