La loi anti-tabac part en fumée
La loi anti-tabac part en fumée
Près de trois ans après l'interdiction de fumer dans les lieux publics, l'association des droits des non-fumeurs (DNF) dénonce de nombreuses entorses à la loi Evin.
Les accros à la nicotine ont du souci à se faire. Trois ans après la loi sur l'interdiction de fumer dans les lieux publics, l'association des droits des non-fumeurs (DNF) vient de remettre un rapport à la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot. Elle dresse un bilan très mitigé de la loi anti-tabac et s'alarme de l'augmentation des dérives.
Si d'une manière générale, l'association note "un recul indéniable de l'exposition à la fumée dans la majorité des lieux publics", elle constate également une baisse de la vigilance depuis un an. Les fumeurs, avec la complicité de patrons de bars ou de cafés, font de plus en plus souvent fi de la loi pour fumer où ça leur chante. Des libertés qui ne sont pas du goût de tous.
En ligne de mire de l'association: les terrasses des cafés. Depuis l'interdiction de fumer dans les bars et les restaurants, de nombreux établissements se sont dotés de terrasses couvertes (et bien souvent chauffées) pour accueillir les fumeurs. Entre 2005 et 2009, elles sont passées de 30 000 à 45 000 dans l'Hexagone. "Ces terrasses entièrement bâchées sont non seulementinterdites par la loi, mais également très mauvaises pour la santé, assure Rémi Parola, le coordinateur de l'association. Nos études prouvent que l'air est trois fois plus pollué dans les bars bénéficiant de terrasses couvertes que dans les autres". L'association vient d'ailleurs de lancer une dizaine de procédures contre ces cafés qui ne respectent pas la loi. Pis encore, dans certains établissements tel que les bars à chicha ou les bars et boites de nuit branchés, les consommateurs fument à l'intérieur sans être inquiétés par les gérants.
Des contrôles en baisse
L'association dénonce la tolérance des autorités à l'égard de ces bars. Si, en théorie, les contrevenants à la loi risquent entre 68 et 135 euros d'amende, les contrôles, pourtant promis par le gouvernement au moment du vote de la loi, restent encore anecdotiques. La DNF milite aujourd'hui pour de vraies "descentes de police" dans les lieux ne respectant pas la loi. "La loi est très claire sur ce sujet, mais sa mise en pratique est encore bancale. Il est nécessaire d'intensifier les contrôles pour la rendre effective", confie le coordinateur de l'association.
Autre cheval de bataille de la DNF, le tabagisme au travail. Après avoir quasiment disparu des entreprises, l'association constate un retour en force des cigarettes dans les open spaces. En moins d'un an, le nombre de personnes souffrant de tabagisme passif sur leur lieu de travail est passé de 9 à 18%. "Les fumeurs n'hésitent plus à allumer une cigarette dans les véhicules d'entreprise ou dans leurs bureaux", assure la DNF. Cette hausse est, selon elle, principalement due à la crise économique: les gens ne se plaignent plus par crainte de perdre leur travail. Le tabagisme passif tue entre 1500 et 3000 personnes tous les ans.
Mais la guerre contre la nicotine ne se limite pas seulement aux lieux publics. La DNF poursuit son combat jusqu'au domicile des fumeurs. Les impudents qui fument sur leur balcon pourraient bien être obligé d'arrêter: le nombre d'appels pour protester contre un voisin fumeur dont la fumée incommode les autres appartements augmente. Une première action en justice vient même d'être lancée