FIBROMYALGIE
Un article qui était parût dans LE POINT :
Toutes les données étant importante et importante de les regrouper ...
Nous qui attendons toujours de ne plus être les SDF de la Santé !
Je vous joint cet article parût dans LE POINT journal :
FIBROMYALGIE
Cette mystérieuse maladie qui épuise 600 000 Français
Douleurs inexpliquées, grande fatigue, raideur des membres, hypotension, dysfonctionnements divers, 600000 Français et 12 millions d'Américains souffrent de ce rhumatisme mystérieux qui fait de leur vie une épreuve.
Petite, lorsqu'elle trébuchait dans la cour de l'école, Brigitte pleurait plus fort que ses camarades.
A force de la faire radiographier sans jamais trouver de fracture, à
force d'entendre des médecins répéter que leur fille se portait comme
un charme, ses parents ont cessé de croire en ses douleurs et Brigitte
a pris l'habitude de serrer les dents.
José, la quarantaine costaude, a des résultats d'analyse sanguine
parfaits, une ossature sans faille et s'est théoriquement rétabli d'un
accident de travail.
Pourtant, le moindre geste de la vie quotidienne, porter ses enfants,
monter des escaliers ou tout bêtement se lever du lit le matin est
devenu un calvaire. Brigitte et José ne sont pas des malades
imaginaires.
Ils souffrent d'un syndrome reconnu par l'OMS en 1992 et qui n'épargne aucun pays: la fibromyalgie.
Bizarrement méconnue par le grand public et par les organismes sociaux français,
la fibromyalgie n'est pourtant pas une maladie rare.
Dans les pays occidentaux, elle atteint en moyenne 2 % de la population et jusqu'à 4,9 % de femmes.
Douze millions d'Américains en souffrent. En France, on compte de
600000 à I million de personnes atteintes et, selon une étude récente,
chaque rhumatologue suivrait en moyenne une trentaine de patients
fibromyalgiques.
En 1990, l'American College of Rheumatology définissait deux critères de diagnostic: une douleur diffuse et inexpliquée dans les membres depuis au moins
trois mois et une douleur à la palpation d'au moins II points sur 18
points précis du corps.
La douleur-musculaire, critère majeur de cette maladie, va de la
courbature grippale à l'incapacité absolue de bouger un membre ou de
marcher sans boiter: les malades ignorent souvent, d'un jour à l'autre,
quelle en sera l'intensité.
Mais elle
s'accompagne aussi d'une multitude d'autres symptômes tels qu'une
grande fatigue, une colite chronique, une raideur des membres ou une
hypotension.
Le syndrome peut être larvé depuis longtemps, les malades ayant
anormalement consulté, tout au long de leur vie, pour des douleurs qui
ne trouvaient jamais d'explication ou occasionnaient des interventions
chirurgicales inutiles.
Mais la fibromyalgie
peut aussi être réactive, c'est -à-dire sur venir brutalement, à la
suite d'un traumatisme psychique ou physique tel qu'un accident de la
route.
« Le coup du lapin peut provoquer une fibromyalgie, explique le
professeur Jean Eisinger, rhumatologue et spécialiste de cette
pathologie.
La zone touchée par ce genre de choc est en effet riche en neurotransmetteurs, or ce syndrome est sans doute la conséquence d'un désordre chimique qui modifierait la perception de la douleur au niveau du système nerveux central. »
Déficits hormonaux, anomalies enzymatiques, anomalies du flux sanguin cérébral, anomalies génétiques concernant des médiateurs impliqués dans le contrôle de la douleur (sérotonine, calcitonine, dynorphine A. ..) : la recherche, très active, notamment aux Etats-Unis, a relevé quantité
d'infimes dysfonctionnements chez les patients fibromyalgiques, mais
n'a pas, loin de là, trouvé d'explication satisfaisante à leur
allodynie généralisée (perception anormale de la douleur). Le traitement, peu efficace, consiste à associer des antalgiques, des antidépresseurs à faible dose (qui agissent sur les neurotransmetteurs), des tranquillisants, mais aussi à apprendre à se relaxer et à se réadapter lentement à l'effort.
«Seule une prise en charge globale peut vraiment améliorer les choses, conclut le professeur Jean Eisinger.
Le fait de nommer le mal dont ils souffrent procure d'ailleurs souvent un grand soulagement aux patients. Cette pathologie est encore mystérieuse, et les malades ont longtemps
été exclus, peu pris au sérieux, particulièrement en France. »
Les symptômes de la fibromyalgie sont proches de ceux de la dépression.
Il est probable que les deux affections aient pour origine des mécanismes communs
( désordres chimiques, mauvais fonctionnement des neurotransmetteurs).
Une reconnaissance souvent aléatoire.
Tous les fibromyalgiques le disent.
A l'usure de la douleur quotidienne, au poids des années de nomadisme médical passées à consulter tous azimuts s'ajoute l'incompréhension de l'entourage familial et professionnel.
« Cette maladie n'a pas de marqueur biologique, les radios et les examens basiques des patients sont normaux, explique
Francis Blotman, chef du service de rhumatologie du CHU de Brest. Mais il faut les croire quand ils disent qu'ils ont mal. Les descriptions des douleurs sont les mêmes au Pakistan, en Norvège, en Israël ou chez les Amish américains...»
La neuro-imagerie fonctionnelle a d'ailleurs prouvé objectivement qu'à
une pression identique la réponse neuronale était nettement plus
importante chez un fibromyalgique que chez un sujet non atteint.
Le problème majeur, pour un fibromyalgique, est en fait d'être cru, particulièrement dans sa vie professionnelle,
lorsqu'il affirme avoir mal ou être gêné dans l'accomplissement de ses tâches.
Dans un mémoire, Sophie Stivin, médecin du travail, constate qu'il
provoque des arrêts maladie répétés, des pertes d'emploi, des pertes de
revenus. «Les revenus des fibromyalgiques sont souvent très bas et
proches des minima sociaux [...].
La douleur
associée à la fatigue génère un handicap parfois très sévère, empêchant
d'exercer une activité professionnelle à plein-temps. Lorsque le handicap est trop important, une prise en charge par les organismes sociaux est nécessaire.
Malheureusement, la reconnaissance de cette affection est souvent aléatoire», écrit-elle.
La fibromyalgie n'étant pas reconnue par la Sécurité sociale comme une
affection longue durée, son caractère invalidant est donc laissé à
l'appréciation des médecins-conseils.
Certains connaissent le syndrome et la quantité astronomique de publications médicales sur le sujet.
D'autres, déroutés par ces symptômes changeants et ces variations
d'intensité, soupçonnent leurs patients d'affabulation et les
enjoignent de se remettre fissa au travail.
Myriam, aide ménagère, a accumulé des avis de spécialistes concluant
tous à son incapacité à reprendre le travail. Mais elle se heurte à la
suspicion du médecin-conseil de sa caisse d'assurance-maladie qui
refuse son indemnisation. Sylvie, assistance maternelle, s'est trouvée
brusquement incapable de porter les enfants dont elle avait la charge.
Elle a dû quitter son travail, mais la Sécurité sociale a refusé de
l'indemniser.
Elle est aujourd'hui classée par la Cotorep travailleuse handicapée catégorie B, mais ne trouve aucun emploi...
José, évoqué plus haut, n'a pas réussi à faire admettre par la Sécurité
sociale que sa fibromyalgie était la conséquence directe de son
accident du travail.
Pour cet homme très actif quelques années plus tôt, chaque mouvement
est une souffrance intolérable, car les fibromyalgies dites "réactives"
sont, semble-t-il, les plus sévères.
Il a perdu trois fois son travail, est en arrêt maladie, perçoit donc la moitié de son dernier salaire et n'est plus en mesure de payer le crédit de sa maison.
La suspicion de l'entourage.
«Un tiers des fibromyalgiques sont en arrêt de travail.
Bien que les manifestations de ce syndrome soient d'intensité très
variable, son caractère potentiellement invalidant devrait être reconnu
par la Sécurité sociale», s'indigne le professeur Blotman.
Minés par leurs difficultés à se faire reconnaître,
baladés de thérapeutiques relativement peu efficaces en traitements
charlatanesques, les fibromylagiques se sont organisés et regroupés en
centaines d'associations.
« Nous voulons que cette maladie
soit reconnue en tant que telle par la Sécurité sociale, et qu'un plan
de recherche national soit mis en place ", explique Janine Caucheteux,
secrétaire du Centre national des associations de fibromyalgiques
(Cenaf), qui regroupe près de 4000 adhérents.
Pour le professeur Paul Le Goff, président de son comité scientifique, l'entraide des malades est fondamentale:
« Le diagnostic est en moyenne moins long à poser qu'il y a quelques
années, car le milieu médical connaît désormais cette pathologie. Mais la suspicion de l'entourage, parfois même de certains médecins qui mettent en doute la réalité du syndrome, est lourde à porter.»
Atteints d'une pathologie qui n'est ni mortelle ni évolutive, mais qui peut être dévastatrice au quotidien, les fibromyalgiques mènent un étonnant combat pour cesser d'être, selon la formule du professeur Jean Eisinger, les « sans-papiers de la médecine"
Chiffres
* 2 % de la population atteinte dans les pays occidentaux (4,9% de femmes).
* Touche surtout la femme (70% à 90 %), d.âge moyen (43 ans).
* Quatre ans en moyenne sont nécessaires pour affirmer le diagnostic.
* Le taux d'incapacité professionnelle va de 30 à 50 %.
* Aux Etats-Unis, le coût moyen annuel par malade est supérieur à 5945 dollars.
Source Observatoire du mouvement.