Le ruineux coût social de l'alcool
De toutes les substances licites et illicites, c'est l'alcool qui
revient le plus cher à la collectivité: 115 milliards de francs
Alcool, tabac et drogues illicites coûtent chaque année au bas mot 218
milliards de francs, soit 3 700 francs par habitant. Tel est l'un des
principaux résultats d'une étude réalisée sous la direction de
l'économiste Pierre Kopp, de l'université Paris I, pour le compte de la
Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie.
«Il se dégage des premières données chiffrées que les drogues licites
et illicites imposent un coût social important à la collectivité, écrit
Pierre Kopp. Près de 3% du produit intérieur brut de la France est
gaspillé.» Pour la première fois en France, les auteurs ont tenté
d'évaluer l'ensemble des coûts supportés par la collectivité et induits
par la consommation de tous ces produits, autorisés ou non. Selon
l'étude, l'alcool arrive largement en tête, avec une dépense de 115
milliards de francs, soit près de 53% du total. Le tabac est en seconde
position, avec 90 milliards (41% du total), tandis que les drogues
illicites totalisent 13 milliards et 2,6%. «Ces résultats sont
étonnants, car ils diffèrent notablement de ceux d'études menées à
l'étranger selon une méthodologie analogue», assurent les chercheurs.
Le très fort coût social de l'alcool serait ainsi une «exception
française», le tabac arrivant en tête partout ailleurs. «Le fait que la
France se trouve au premier rang de l'Europe des Quinze en matière de
consommation d'alcool pur trouverait ainsi sa traduction en termes de
coût social», conclut Pierre Kopp. En revanche, le coût social des
drogues illicites est en France strictement dans la moyenne des autres
pays, c'est-à-dire loin derrière alcool et tabac. Selon l'étude, la
moitié des 218 milliards supportés par la collectivité représente les
pertes de productivité engendrées par l'absentéisme et les décès.
«L'alcool, le tabac et les drogues illicites ont été la cause de 82 287
décès prématurés en 1997, soit 16,3% des décès recensés», selon Pierre
Kopp. Les dépenses de santé interviennent quant à elles pour 20% du
total, suivies par les pertes de prélèvements obligatoires (10%) et les
dépenses des administrations publiques (2,5%). Quant aux dépenses liées
à la prévention, elles totalisent... 0,008%.