Traitements antitabac

Traitements antitabac

Efficaces si on y met du sien

Les trois principales catégories de traitements pharmacologiques pour cesser de fumer donneraient de bons résultats, selon des chercheurs montréalais de l’Hôpital général juif de Montréal et de l’Université McGill.

Les trois types de traitements sont :

• les traitements substitutifs à la nicotine (gomme, comprimé, timbre transdermique, inhalateur ou vaporisateur nasal);
• l’antidépresseur bupropion (Zyban^®);
• la varénicline (Champix^®), un agoniste des récepteurs nicotiniques de l'acétylcholine.

Les chercheurs ont analysé les résultats de 69 essais cliniques menés auprès de plus de 32 900 fumeurs. Pour leur étude, ils n’ont retenu que les essais au cours desquels l’abstention du tabac était confirmée par des tests biochimiques après six mois et un an.

Sauf dans le cas des inhalateurs de nicotine, pour lesquels il subsiste un doute, le traitement pharmacologique s’est avéré plus efficace que le placebo. Le nombre des sujets qui s’abstenaient toujours de fumer six mois et un an après le début du traitement était toujours plus élevé chez les participants traités que chez ceux des groupes placebo.

Une dose de volonté malgré tout

Toutefois, au bout d’un, moins de 30 % des sujets avaient réussi à écraser pour de bon, ce qui signifie qu’arrêter de fumer exige, malgré tout, une bonne dose de volonté et de détermination, soulignent les auteurs. Les approches pharmacologiques proposées sont donc efficaces, mais il faut y mettre du sien.

Ils signalent également que l’on dispose de peu de données qui permettraient de savoir si l’une ou l’autre de ces approches comporte de meilleures chances de réussite. On a mené peu d’essais comparatifs dans ce domaine. Cinq des essais analysés comparaient les effets du bupropion à ceux du varénicline et, dans chacun des cas, le Champix s’est avéré presque deux fois plus efficace que le Zyban.

D’autres données indiquent que l’association des timbres transdermiques et du bupropion ou le traitement au bupropion seul seraient plus efficaces que l’emploi exclusif des timbres transdermiques.

Effets indésirables

Quant aux effets indésirables potentiels de ces approches pharmacologiques, les chercheurs avouent que leur étude ne permet pas de se prononcer puisque la majorité des effets rapportés peuvent être associés au sevrage du tabac lui-même. Dans certains des essais analysés, plus de 85 % des sujets des groupes placebo avaient déclaré avoir souffert d’effets indésirables, font-ils d’ailleurs remarquer.

Rappelons que Santé Canada a émis une mise en garde² en juin 2008 concernant les effets indésirables neuropsychiatriques attribuables aux Champix. Selon le Ministère fédéral, un certain nombre de personnes (226 cas répertoriés) qui prennent ce médicament ont dit s'être senties agitées, dépressives, avoir ressenti de l'hostilité ou avoir eu des idées dérangeantes (par exemple, songer à s’infliger du mal ou en infliger à d’autres).

Pierre Lefrançois – PasseportSanté.net

1. Eisenberg MJ, Filion KB, et al. Pharmacotherapies for smoking cessation: a meta-analysis of randomized controlled trials. CMAJ. 2008 Jul 15;179(2):135-44.
2. Renseignements importants en matière d’innocuité approuvés par Santé Canada concernant CHAMPIX (tartrate de varénicline) : www.hc-sc.gc.ca/champix.pdf [Consulté le 24 juillet 2007].