Fatigue chronique : la faute aux gènes ?
Fatigue chronique : la faute aux gènes ?
Une origine génétique au syndrome de fatigue chronique (SFC) vient d’être mise en évidence par 4 équipes de chercheurs du Center for Disease Control and Prevention (CDC) d’Atlanta, en Géorgie. L’étude, parue dans le numéro d’avril du journal Pharmacogenomics, suggère que la maladie est liée à un dysfonctionnement des gènes impliqués dans la capacité du corps à s’adapter aux événements et à résister au stress.
Le syndrome de fatigue
chronique, identifiée seulement depuis 1985, est aujourd’hui reconnue
par l’Organisation Mondiale de la Santé. Les principaux symptômes : une
fatigue qui ne passe pas, des douleurs musculaires, la mémoire qui
flanche, des difficultés à se concentrer et un sommeil perturbé et peu
réparateur. Ses victimes : des femmes dans 80% des cas, souvent accros
au stress (cette maladie est appelée « grippe des yuppies »
outre-Atlantique), plutôt de classe supérieure. Entre 0,2 et 2,6 % de
la population française en souffrirait, selon les études. 150.000
personnes pour l’Association française du syndrome de fatigue chronique
et de fibromyalgie. Alors que cette maladie fait l’objet de nombreuses
études en Angleterre et aux Etats-Unis, elle peine à être reconnue et
diagnostiquée en France.
Pour mettre en évidence l’origine génétique de cette étrange maladie,
les chercheurs de CDC ont regroupé 227 personnes souffrant de SFC.
Hospitalisés durant deux jours, les volontaires ont permis aux
scientifiques de rassembler une multitude de données concernant leur
état de santé, leur sommeil, leurs mémoire, le fonctionnement de leur
système nerveux, leurs analyses sanguines et enfin l’activité de près
de 20.000 de leurs gènes.
Ces informations ont d’abord permis aux scientifiques d’identifier les gènes impliqués dans la réponse au stress. « Chez les personnes atteintes du SFC, le niveau d’activité de ces gènes est différent d’une personne normale. Or ces gènes sont impliqués dans la capacité du corps à s’adapter aux événements et à des stress comme des infections, des blessures et des traumatismes » explique William Reeves du CDC.
Même si les résultats de cette étude ne permettent pas encore de mettre au point de nouveaux outils de diagnostic ou des traitements, ils ont au moins le mérite de légitimer les souffrances des malades encore souvent qualifiés d’imaginaires
Véronique Molénat
William Reeves, Pharmacogenomics, April 2006