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MON COMBAT CONTRE LA FYBROMYALGIE
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MON COMBAT CONTRE LA FYBROMYALGIE
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6 août 2010

Adapter la ville aux handicapés

Adapter la ville aux handicapés
Un chantier considérable qui prend du retard.

La loi de 2005 prévoit de rendre accessibles les établissements recevant du public à tous les handicapés (moteurs, cérébraux ou sensoriels). Le point sur ce dossier et une rencontre avec Alan Lepage, un jeune joueur de handibasket.

Cinq ans. C’est le temps qu’il reste aux collectivités locales et à l’État pour rendre accessibles aux personnes handicapées tous les “établissements recevant du public” (ERP) : les mairies, les écoles, les hôpitaux, mais aussi les pis cines, les cinémas, les théâtres ou les cabinets médicaux… Votée en février 2005 à l’initiative de Jacques Chirac, la loi “pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées” leur donnait en effet dix ans pour le faire. À mi-parcours, l’objectif paraît déjà difficile à atteindre dans le délai légal.

Plus de 330 000 établissements sont concernés. Près de 90 % relèvent des communes ou des agglomérations, dont beaucoup commencent à peine à prendre conscience de l’ampleur du chantier ; 20 % des préfectures n’ont pas encore établi leur schéma directeur d’accessibilité, 15 % n’ont pas encore engagé un plan d’aménagement de leur voirie et de leurs espaces publics. La Fédération des associations pour adultes et jeunes handicapés (Apajh) a rendu publique au début de ce mois une étude réalisée avec la Fédération française du bâtiment, Dexia Crédit local et le cabinet Accesmétrie : 5% à 15 % seulement des travaux rendus nécessaires par la loi ont été faits à ce jour. Il en coûtera environ 20 milliards d’euros : près de 16 à la charge des collectivités locales et 3,6 à celle de l’État.

Le montant des travaux varie selon la taille de la collectivité locale et les équipements dont elle assume l’entretien : de 10 000 euros hors taxes par bâtiment pour une commune de moins de 3 000 habitants à 226 000 euros pour les conseils régionaux propriétaires des lycées. Pour l’État, le coût médian est estimé à 140 000 euros par bâtiment. Un effort financier important mais pas insupportable, selon Dexia Crédit local : «Cela représente 3 milliards d’euros par an sur les 50 milliards investis par le secteur public local », précise son directeur Public & Wholesale Banking France, Jean-Luc Guitard.

Secrétaire d’État à la Famille et à la Solidarité, Nadine Morano a mis en place, en février, l’Observatoire de l’accessibilité : un centre d’information mais aussi un outil de concertation attendu par les associations. Il s’agit de travailler à « l’intégration pleine et entière des personnes handicapées dans la société », selon les termes de la loi de 2005. Un principe « désormais bien ancré dans les mentalités », selon son rapporteur, le sénateur Paul Blanc, mais qui nécessitera encore de gros efforts avant d’être effectivement appliqué, comme le prouve notre reportage. Fabrice Madouas

Dribble, passe et panier ! Sur le terrain de basket, Alan Lepage se démène. C’est bien l’un des rares endroits où il ne se sent pas limité par son fauteuil roulant. Il joue au handibasket depuis huit ans, « quatre pour le loisir et quatre en compétition », précise-t-il. Habitant d’Issy-les-Moulineaux, dans les Hauts-de-Seine, Alan doit régulièrement se rendre près de la tour Eiffel pour ses entraînements, au siège de l’association Cap-SAAA (Cap-Sport Art Aventure Amitié). Mais là, problème : « À Paris, seulement 25 % des bus et une seule ligne de métro (la 14) peuvent accueillir des handicapés ! dit-il. Les équipements du tram sont les plus adaptés, mais certaines rampes d’accès restent difficiles à monter. »

Pour résoudre ce problème et pour marquer sa différence par rapport aux autres handicapés qui se déplacent en voiture, Alan a un quad, une sorte de moto à quatre roues. L’engin lui permet, en posant son fauteuil sur le porte-bagages arrière, d’être autonome, mais l’oblige aussi à se garer sur des places auto. « De toute façon, il n’y a pas assez de places handicapés à Issy-les-Moulineaux », ajoute-t-il. Le permis de conduire, Alan pouvait le passer et avait même droit à des réductions par son ancien lycée, mais il n’est pas allé jusqu’au bout. « Je ne connais que deux écoles avec des voitures spécialisées en région parisienne. Les autres ne font pas l’effort de s’équiper. »

Malgré les obstacles, ce garçon de 21 ans refuse d’être assisté. Il fait tout pour avoir une jeunesse semblable à celle des autres. Boucles aux oreilles, piercing à l’arcade sourcilière, il aimerait pouvoir aller en boîte, mais on lui « refuse l’entrée, soi-disant parce que l’assurance de l’établissement ne couvre pas s’il [lui] arrive quelque chose ». Autre problème : au bowling, « les directeurs ont peur [qu’il] abîme les pistes avec les pneus »… Pour un cinéma ou un billard, il peut s’adapter en se servant de ses béquilles pour bouger. Car, même s’il est handicapé depuis sa naissance à cause d’un cancer de la moelle épinière, Alan dit qu’il a « de la chance ». Il a pu récupérer la totalité du peu de sensibilité et de motricité que lui promettait la chimiothérapie qu’il a subie à l’âge de 3 ans. Il arrive donc à se déplacer avec des béquilles, par exemple chez lui où, même si l’appartement est adapté à son fauteuil, il veut être « comme tout le monde ».

“Seules les grandes enseignes ont des vestiaires adaptés”

Mais le quotidien d’Alan n’est pas semblable à celui des autres. Pour faire ses courses, il doit attendre sa mère ou ses amis. S’il par vient à monter les deux étages d’un centre commercial en posant son fauteuil en travers du tapis roulant et en tenant la rambarde, il ne peut ni porter ni attraper des charges lourdes, encombrantes ou en hauteur. « Pour m’acheter des vêtements, j’y vais avec mes amis. Essayer en cabine, c’est souvent galère, seules les grandes enseignes ont des vestiaires adaptés et plus larges. La plupart du temps, je n’essaye pas et, si ça ne va pas, je reviens pour échanger. »

Pour oublier ces difficultés, Alan s’investit dans le handibasket et, puisque « les entreprises n’embauchent pas », il espère même y faire carrière. Grâce au sport, le jeune homme s’exerce et voyage, à tel point qu’il est devenu un habitué des avions. « À l’enregistrement, nos fauteuils par tent en soute et la compagnie nous prête un fauteuil d’avion tout petit. C’est plu tôt bien, mais on ne peut pas bouger pendant le vol, même pas pour aller aux toilettes ! » En quittant la France, il s’est aussi rendu compte du retard qu’avait notre pays en matière d’équipements pour handicapés. « Si la France avait eu les jeux Olympiques, elle aurait dû s’adapter et rendre accessibles les stades et les transports. Un de mes amis est à Londres et m’explique que les choses bougent beaucoup là-bas. »

Alan, qui aime le sport et la vie, ne laissera pas son handicap lui enlever ses rêves. Il veut voyager à travers l’Europe, l’Asie ou l’Amérique du Sud.

Delphine Rabaste

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