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MON COMBAT CONTRE LA FYBROMYALGIE
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MON COMBAT CONTRE LA FYBROMYALGIE
  • La vie est un combat et malgré les maux, il nous faut avancer sur le chemin de notre destinée... - Attention, nous sommes ni médecins, ni thérapeutes. Vous devez absolument consulter avant de changer, arrêter ou prendre un traitement.
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4 décembre 2009

Infirmes, sourds-muets, aveugles… et travailleurs

Infirmes, sourds-muets, aveugles… et travailleurs

Ces handicapés qui refusent de mendier

Braille

Plutôt que de mendier aux carrefours comme leurs camarades, beaucoup de personnes handicapées, avec ou sans diplômes, exercent aujourd'hui des activités génératrices de revenus. A l'occasion de la journée internationale des personnes handicapées célébrée ce jeudi, Nord-Sud Quotidien est allé à la rencontre de certains d'entre eux.

Il est six heures quand Dosso Téfinie prend place à bord de sa chaise roulante, portant à l’arrière, sa caisse à outils de couleur rouge. Comme tous les matins, il est actif au moment où beaucoup dorment encore. Après avoir fait la prière musulmane de l'aube, dans son petit studio sobre qu'il loue à moins de 10.000 Fcfa à Attécoubé (Adjamé), il a emprunté le chemin du Plateau. La chaise roulante qui le transporte n'est pas motorisée. Elle est vieille de trois ans et elle lui a été offerte par un bienfaiteur anonyme. La voiturette a néanmoins des roues rigides. Quelquefois, une personne généreuse pousse l'infirme pour lui alléger la tâche. Mais, cela est vraiment très rare. Certains passants semblent même lui dire : « Bon Dieu, qu'il reste donc tranquille chez lui et qu'il nous fiche la paix ! » Et ce matin, Tiéfinie doit pédaler seul sa chaise roulante. Un supplice pour ses muscles de trentenaire.

De son domicile, il arpente des rues déjà bondées de monde pour atteindre la grande mosquée d'Adjamé. Téfinie pédale fort en se faufilant entre piétons et véhicules pour traverser le Black Marcket bouillonnant à cette heure. Il parvint au Camp Galiéni au Plateau. Un détour vers les tours administratives, le voilà à son lieu de travail. Pas de hangar, pas d'arbre, c'est un espace à ciel ouvert séparé du Palais de justice du Plateau par la route. A côté, un kiosque de vente de cigarette. Il est presque 8h. Il lui a fallu plus d'une heure pour faire ce parcours. Tout essoufflé, il se glisse à même le sol, tel un ver de terre, fait descendre difficilement la caisse à outils qu'il a transportée derrière sa chaise roulante. Elle contient des boîtes de cirage de différentes couleurs, des pinces, des brosses à chaussures une bouteille de diluant, des aiguilles, du fil, une sorte d'enclume qui lui sert à coudre et cirer les chaussures. Tout seul, il va chercher un parasol derrière le kiosque, le place sur un vieux cerceau rouge et établit son atelier de cordonnerie et de cirage. Un banc et une chaise qui restent sur le lieu complètent le décor. Il s'installe sur une natte. Ses deux petites jambes flasques flottent dans son pantalon. Son visage large avec de grands yeux laisse apparaître une certaine gaieté. A regarder ses dreadlocks qui lui tombent sur les épaules, on se croirait face à un voyou. « C'est ici que je bosse depuis 2007 », explique-t-il. Grâce à ce métier, Tiéfinie arrive à payer son loyer et à se nourrir sans être obligé de tendre la main. Tous les jours, l'handicapé affronte la rue sur sa chaise roulante pour se rendre là, et ne repart à la maison qu'aux environ de 18h, avec la même peine. Sa recette journalière avoisine 2.000 Fcfa. Il ne paye ni taxe ni frais de transport, encore moins des frais de location. Dosso Téfinie encore appelé ici le ''King'', est l'un de ces nombreux handicapés qui ont choisi de vivre à la sueur de leur front. Et parfois, au risque de leur vie. Karamoko Hamadou en fait partie. Privé de l'usage de ses membres inférieurs, l'homme qui a presque 30 ans, n'a pas voulu faire de son handicap une charge pour ses parents. Pour cela, il décide de se lancer dans la vente de jus de fruit : du tampico. Pour l'instant, c'est son fauteuil roulant surmonté d'un petit parasol qui lui sert de boutique. Tous les matins, il parcourt les rues de Treichville, où il habite, pour se rendre Plateau, assis dans son fauteuil qu'il fait bouger à l'aide de ses robustes bras.

Courageux…

Il fait ce voyage avec sa glacière de jus placée à l'arrière de la voiturette. C'est ainsi qu'il arrive à la gare des taxis intercommunaux (wôrô-wôrô), non loin de la Direction des handicapés (ministère de la Famille et des Affaires sociales). C'est l'un des lieux les plus animés du Plateau. Les travailleurs viennent par centaines se restaurer chez les nombreuses restauratrices installées par la mairie sur un site clôturé. Il y a aussi les nombreux clients de wôrô-wôrô.
Au milieu de cette ambiance chaotique, Hamadou doit réussir à écouler ses sachets de jus, parmi tant d'autres vendeurs dont certains possèdent des parasols ou des kiosques. Assis sur sa chaise, au bord de la route, il observe les passants, sourit quand vous lui lancez un regard. Touché par ce sourire qui ne s'éteint presque jamais, un client avance vers lui, d'un air apitoyé, sourit lui aussi et commande un jus. L'handicapé, pressé, s'active aussitôt pour ne pas perdre de temps au passant. C'est ainsi qu'il arrive à écouler ses marchandises dans cette sorte de jungle où il n'y a presque pas de place pour un handicapé. Son arme ? Sa sympathie. Hamadou se permet même de rêver au développement de son activité. Il veut obtenir un magasin pour vendre aussi bien du jus que d'autres articles.

Les handicapés travailleurs sont exposés à plusieurs risques. Tiéfinie en sait quelque chose. Il a déjà été victime d'un accident de la circulation. « C'était l'an dernier. Mon fauteuil a été percuté par un taxi », explique-t-il. L'infortuné a été propulsé au sol. Mais, plus de peur que de mal : Il n'a eu que des égratignures. Le fauteuil, lui, a été amoché. Depuis lors, malgré les réparations, les roues sont restées raides. Il travaille dur pour se faire des économies afin de renouveler les pneus de sa voiturette ou acquérir un engin motorisé. Mais, ce n'est pas facile, car il doit aussi mettre de l'argent de côté pour espérer ouvrir un jour sa boutique de chaussures. C'est au prix de ses efforts personnels qu'il a financé son activité. Après avoir mis un terme à ses études en classe de terminale, en 2002, Tiéfinie a voulu voler de ses propres ailes. A partir de ses petites économies, il commence par la vente de vêtements sur le boulevard Nangui Abrogoua à Adjamé. Malheureusement, cette activité ne lui sourit pas. L'handicapé se lance alors dans un projet un peu plus porteur : la vente de chaussures. Pour lui, demander un appui à ses parents, n'est pas loin de la mendicité. Il ne veut pas être une charge pour sa famille, bien que celle-ci soit sympathique envers lui.

…mais, laissés pour compte

La réalité, c'est que peu de personnes sont prêtes à donner une somme élevée à un handicapé, fut-il pour une affaire. Les potentiels financiers craignent que le bénéficiaire ne sache pas quoi en faire. Et, beaucoup d'handicapés font les frais de ce préjugé et sont contraints, pour certains, à la mendicité. Traoré Adama a été mendiant avant de se ressaisir. Ce handicapé des deux mains et des deux pieds est aujourd'hui peintre à l'espace Lattrille (Sococé) aux II-Plateaux. Ce matin, lorsque nous le rencontrons, il travaille sous un parasol qui lui sert de hangar. Il expose des tableaux encadrés qu'il a lui-même peint. Le jeune homme passe ses journées à peindre sur du papier canson avec de la gouache. Pour la démonstration, il passe le stylo entre le bout de bras qu'il a, et la tempe. Adamo se baisse pour que le stylo soit à portée du papier. Il sort sur le canson un paysage de fleur digne d'un professionnel. Il aime peindre le paysage. Chez ce garçon, ce n'est pas le dessin seul qui séduit, mais l'effort et tout l'art qu'il y met. Avec des jambes de nouveau-né et les deux bras malformés, beaucoup dans sa situation n'auraient eu aucune raison de travailler. Mais, pour lui, ce serait une erreur: « Si tu ne veux pas que les autres personnes se foutent de toi, prend ton travail au sérieux ». Lui non plus n'a bénéficié d'aucune aide. Pour démarrer ses activités, il lui a fallu compter sur lui-même. Ses parents, pauvres, ne lui ont jamais montré le chemin de l'école. Et, c'est au centre pour enfants handicapés « la Providence » à Abobo-Bc qu'il a appris à se servir de ce que la nature lui a donné comme membres. Sorti de là, il a fallu qu'il mendie dans la rue avant de comprendre qu'il ne pourra mieux vivre sa différence que par son travail. C'est ainsi que le mendiant est devenu peintre. Aujourd'hui, « Dieu merci », des opérateurs économiques le sollicitent.

Souvent maltraités

Quelques rares handicapés trouvent des proches assez généreux pour risquer un financement. Comme Hamadou. Ce sont ses parents qui ont financé son activité de vente de jus. Dans pareil cas, les handicapés n'ont pas droit à l'erreur. Ils doivent prouver qu'ils peuvent travailler. Hamadou est conscient qu'il doit se battre avec ce petit financement. Grâce à sa détermination, il arrive à s'en sortir. Ils savent que les aides pour personnes handicapées sont inespérées. Peut-être pour ceux qui ont fait des études. Justement, derrière Hamadou, à une dizaine de mètres, se trouvent les bureaux de la Direction des handicapés. Des locaux en bois, aux couloirs fades qui traînent une odeur de cave, avec des morceaux de planches qui jonchent souvent le hall et un plafond qui tombe en ruine. Le personnel reçoit beaucoup d'handicapés à la recherche d'emplois. Nous apprenons que cette année, par exemple, l'Etat a offert des postes à 300 d’entre eux. Mais, uniquement des diplômés. Les autres, ceux qui ne sont pas allés à l'école, et qui n'ont aucune formation, doivent d'abord rechercher un projet auprès de la Direction des handicapés, puis, un financement pour ledit projet. Si la première étape est facile, la seconde ne l'est pas du tout. Selon le personnel, lorsque certains arrivent à trouver une aide auprès des bailleurs de fonds, ils ne redonnent plus signe de vie. Sûrement, le projet n'a pas bien fonctionné parce qu'ils sont livrés à eux-mêmes, sans encadrement. La plupart des handicapés que nous approchons volent de leurs propres ailes. Ils n'ont reçu aucune aide de ce type. D'où la nécessité d'aider ceux qui veulent réellement travailler, les plus courageux. Car, le courage chez certains, frise parfois l'orgueil. Tiéfinie, par exemple, n'aime pas que l'on sollicite ses services par pitié. Sa clientèle est constituée en majorité du personnel du palais de justice. Il n'est certes pas le seul cireur des lieux, mais, on le préfère, et le “King” est persuadé qu’il est le meilleur. Il veut donc être jugé par rapport à son talent. Et cela se voit quand il reçoit quelques clients en notre présence. Le travail est rapide et impeccable ! D'un large sourire, il accepte nos compliments.

Sourds-muets et coiffeurs de personnalités

Mais, s'il n'aime pas qu’on le traite avec pitié, il doit souvent affronter l'humeur des abidjanais. Il y a parfois des clients ou des personnes pour lui rappeler sa condition d'handicapé, lorsqu'ils se disputent sur des détails. Un travail trop cher, ou qui n'est pas du goût du client. Ou encore un débat qui tourne à son avantage. Mais, Tiéfinié œuvre toujours pour rester respectueux. Pour la plupart des handicapés, c'est ce qui compte le plus, en vue de mieux vivre leur différence et bâtir leur rêve malgré les difficultés. Il y a des personnes pour qui cette qualité est fondamentale. Nous en avons rencontrés dans le petit marché de Cocody, près de l'Allocodrôme. Ils tiennent un box de coiffure au bout d'un petit hall, où vendeurs de nourriture et commerçants d'articles vestimentaires se disputent la clientèle. On peut lire sur un écriteau : « Coiffeur de général boys ». A l'intérieur, le petit box a été scindé en deux avec deux miroirs et deux chaises pour deux coiffeurs. Là, se trouvent deux hommes, la quarantaine, qui ne parlent jamais. Ce sont des sourds-muets ! La rencontre n'est pas facile. Comment expliquer au coiffeur que nous voulons telle où telle coiffure ? Des signes de main ? Ce qui est loin de suffire. Il faut finalement se servir d'une grosse affiche au mur sur laquelle sont listées les différentes coiffures. Après le choix du modèle, l'un d'eux nous poliment une chaise. Avec des gestes précis, il nettoye la tondeuse avec de l'alcool et se met à la tâche. Très habile ! Il coiffe sans presque toucher la tête du client de la main. La coiffure est parfaite ! Pour le coût, il nous fait signe que c'est 500 Fcfa en montrant les cinq doigts de sa main. Le tarif est d'ailleurs affiché sur le mur pour éviter toute confusion. Mais, comment ne pas être charmé par tant de finesse dans les gestes! Après avoir payé, le coiffeur nous adresse un sourire naturel et craquant. A travers ses yeux qui brillent, on peut lire de la franchise et du respect. C'est un visage de sage avec un front large et de petits poils mal rasés sur le menton. Pour communiquer avec lui, nous sollicitons Moussa Zoumbaré, un tailleur qui tient son box à côté. Celui-ci, à force de cohabiter avec les coiffeurs sourds-muets, a fini par maîtriser leur langage. L'homme qui nous a coiffé se nomme Tano Draman Michel. Il partage le box avec Miézan Armand, le plus âgé, trapu avec un crâne dégarni et une face réservée. Miézan et Michel fréquentent tous l'Ecole nationale des sourds, à Yopougon. Depuis 20 ans, ces deux amis font la coiffure. Et, le moins qu'on puisse dire, c'est que ce métier leur réussit. Ils n'ont aucune autre source de revenu. Michel est marié et père de 3 enfants. Le plus âgé est en 6ème. Miezan, également marié, est père de 6 enfants. L'aîné est en 3ème. Leur secret ? Ils n'en ont pas…sauf que Michel est le coiffeur du maire de Cocody, Jean Baptiste Gomont Diagou. Et, tenez vous bien, ces deux coiffeurs sont les préférés du président de l'Assemblée nationale, Mamadou Koulibaly. Des ambassadeurs sollicitent aussi leurs services. N'est-ce pas par pitié pour leur condition? Non, insiste Miézan. Le maire, par exemple, se coiffait chez leur patron. Ils étaient encore apprentis en ce moment. Après le départ de ce dernier, M. Gomont Diagou s'est tourné naturellement vers eux. Cela, parce qu'ils travaillent bien. Pour la même qualité de service, le président du Parlement et d'autres personnalités les sollicitent. « Il est vrai qu'ils nous payent des tarifs hors du commun… », se réjouit Armand en faisant des gestes que nous traduit Moussa. En clair, on les respecte pour ce qu'ils sont : de vrais bosseurs.

Horreur de la pitié

Les handicapés travailleurs sont conscients de ce que tout le monde ne les voit pas ainsi. « Après le métier, dit Michel s’exprimant toujours à travers des gestes, je prendrai ma retraite et j'irai au village me reposer ». Julien Bahi Falet, non-voyant de naissance, a, quant à lui, appris pendant ses trente années de vie que les handicapés en Côte d'Ivoire n'ont de choix que de travailler pour gagner leur vie. Nous l'avons rencontré un après-midi dans un petit box en bois, à une centaine de mètres de l'Institut des aveugles de Yopougon. Devant le box, des produits cosmétiques et des mèches. Deux femmes à l'intérieur se tressent. Julien, assis sur un banc à l'entrée, le visage barré de lunettes noires, discute avec elles, un enfant sur les jambes. Il est en compagnie de deux autres hommes, non-voyants également. Aujourd'hui, il ne travaille pas car le personnel de l'Institut est en grève. A la fin de ses études dans cette école, il a été retenu par l'administration pour gérer la bibliothèque de l'établissement. Mais, le bibliothécaire voit cela comme une manière de lui donner l'impression qu'il travaille. La bibliothèque, dit-il, ne contient pas grand-chose : la traduction des œuvres littéraires au programme, dans des supports audio que les apprenants viennent louer pour aller s'instruire. Ce n'est pas du tout l'affluence parce qu'il n'y a pas assez de supports audio. Et les existants sont d'un certain âge. Le matériel date de 1988. Depuis 6 ans, qu'il travaille à l'intérieur, le bibliothécaire a l'impression de tourner dans une pièce toute la journée et repartir à la maison. Il avait l'impression d'être payé à ne rien faire. Ce qu'il déteste. «Ça me gêne», précise-t-il. Il veut mériter ce qu'il gagne. La preuve, le box de vente de mèches qui appartient à sa compagne, (elle est en train de tresser à l'intérieur une autre femme). «C'est moi-même qui l’ai construit», se réjouit-il. Un aveugle ? Eh bien oui. C'est lui qui l'a fait, un point c'est tout. Et c'est aussi lui, grâce à son salaire de bibliothécaire, qui a financé l'activité de sa dulcinée valide. La femme l'aime malgré sa condition. L'enfant d'un an qu'il porte sur ses jambes est leur fils. Le non-voyant suit des cours de droit à l'université de Cocody pour devenir juriste. Julien pense pouvoir y réussir. Sa future épouse et son fils en sont autant de raison.

Raphaël Tanoh

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