La dépression chez l'enfant et l'adolescent
Des symptômes de dépression peuvent se manifester chez les enfants, et surtout chez les adolescents. Chez ces jeunes patients, un diagnostic de dépression justifie systématiquement une prise en charge psychothérapeutique. Dans certains cas particulièrement sévères, un recours aux médicaments antidépresseurs peut être justifié.
La dépression de l'enfant
La dépression n'épargne pas les enfants, même
petits. Néanmoins elle reste rare (environ
0,5 % des enfants, le plus souvent des garçons). Chez les enfants, la maladie peut se manifester par une irritabilité, de l'agressivité, une excitation débordante, ou encore une tendance à l'isolement ou une perte d'intérêt pour le jeu. Ces symptômes surviennent le plus souvent de manière soudaine et persistent durablement. La vie familiale et scolaire peut en être fortement perturbée.
La dépression de l'adolescent
L'adolescence est une période perturbée et
perturbante : acceptation des transformations de son corps, renoncement
au monde de l'enfance, découverte de la sexualité, rejet de l'image
parentale, etc. Ce passage à l'âge adulte, naturellement chaotique, se
fait parfois dans une douleur extrême et peut déboucher sur une
véritable dépression. On estime qu'environ 3 % des adolescents
connaissent une période de dépression, et que deux tiers d'entre eux
sont des filles.
La dépression de l'adolescent prend souvent une forme masquée et peut,
si on ne la repère pas à temps, se révéler brutalement par une
tentative de suicide. Sept cents adolescents se suicident chaque année
en France et le suicide est la seconde cause de mortalité chez les 15 à
24 ans. La maladie peut s'exprimer par des comportements provocants :
abus de drogues ou d'alcool, fugues, délinquance, désinvestissement
scolaire soudain, automutilation, troubles alimentaires (anorexie,
boulimie). Les filles se plaignent plutôt de troubles somatiques (maux
de ventre, insomnie, maux de dos) alors que les garçons ont tendance à
souffrir d'agressivité ou de comportements asociaux. L'entourage adulte
(parents, professeurs) ne pense pas forcément à une dépression, et peut
mettre ces manifestations sur le compte d'une crise d'adolescence
particulièrement intense.
D'autres troubles doivent amener à consulter un médecin comme une
réticence à parler, un absentéisme scolaire, des troubles du sommeil,
des pleurs incontrôlés ou des idées noires récurrentes.
Les jeunes qui ont connu un ou plusieurs épisodes dépressifs seront
plus exposés à ces troubles à l'âge adulte, surtout si la dépression
n'a pas été correctement traitée à l'adolescence.
Comment soigne-t-on la dépression chez les jeunes patients ?
Lorsqu'une dépression est diagnostiquée chez un
enfant ou un adolescent, le traitement consiste d'abord en la mise en
place de mesures de soutien psychothérapeutique (familial ou
individuel). Il peut également se révéler nécessaire de modifier
l'environnement de l'enfant (par exemple le changer d'école) s'il est
malheureux là où il est.
Depuis quelques années, une polémique existe au sujet de l'usage des
médicaments antidépresseurs chez les jeunes patients, et en particulier
les adolescents. En effet, les études ont montré que les médicaments
utilisés contre la dépression peuvent, chez ce type de patient,
augmenter le risque de comportement suicidaire ou hostile (colère,
agressivité, opposition systématique aux adultes, par exemple). Les
autorités de santé françaises ont émis des recommandations claires sur
l'usage de ces médicaments :
* Chez les enfants, le traitement doit être avant tout
psychothérapeutique et les médicaments sont réservés aux cas
exceptionnellement sévères où les symptômes nuisent au bon déroulement
de la psychothérapie.
* Chez les adolescents, le traitement psychothérapeutique
systématiquement mis en place peut s'accompagner d'un traitement à
l'aide de médicaments si la dépression est sévère et durable ou si la
psychothérapie ne suffit pas à soulager rapidement les symptômes.
En 2006, les autorités sanitaires européennes se sont prononcées pour l'usage de la fluoxétine (Fluoxétine Génériques, Prozac)
chez les enfants de plus de huit ans en association avec une
psychothérapie, lorsque les symptômes dépressifs persistent malgré le
suivi par un psychothérapeute. Cette recommandation a reçu l'aval des
autorités françaises en février 2008.
Dans tous les cas, le traitement antidépresseur doit être prescrit par
un pédopsychiatre et l'enfant ou l'adolescent doit être étroitement
surveillé par ses proches et un médecin pendant les premières semaines
de traitement. Cette surveillance a pour but de dépister précocement
certains effets indésirables des antidépresseurs qui pourraient avoir
des conséquences dramatiques : insomnie, anxiété, irritabilité,
agitation, nervosité ou idées suicidaires.