Connaissez-vous l'endométriose ?
Connaissez-vous l'endométriose ?
Touchant des femmes de 25 à 45 ans, cette maladie peut être à l'origine de l'infertilité
Se manifestant par de violentes douleurs pelviennes, des règles abondantes, l'endométriose concerne près d'une femme sur dix.
Cette maladie silencieuse peut même entraîner une certaine forme
d'infertilité. Malgré ses répercussions, cette affection gynécologique
est souvent sous-estimée.
La plupart des patientes attendront
entre 6 et 10 ans avant de faire le diagnostic fatal! Zoom sur les
causes, les symptômes et le traitement de cette maladie trop souvent
négligée. Touchant les femmes âgées de 25 à 45 ans n'ayant pas ou peu
d'enfants, mais qui ont souvent un passé gynécologique opératoire ou
d'autres précédents (règles précoces avant 11 ans, douloureuses avec
des cycles de moins de 27 jours), l'endométriose traduit la présence
d'une muqueuse utérine (endomètre) en dehors de la cavité utérine qui
est sa localisation normale.
«Chez les femmes atteintes
d'endométriose, le tissu recouvrant la cavité utérine (l'endomètre) se
développe dans d'autres parties de la cavité abdominale. Il peut ainsi
s'attacher sur le col utérin, les trompes, les ligaments, les ovaires,
le péritoine, le vagin, la vulve…
Parfois même, cette muqueuse
se retrouve sur des organes non génitaux comme la vessie, le cæcum,
l'appendice, le côlon sigmoïde, l'intestin» explique le Pr Mahjoub
Ghazli, gynécologue obstétricien et professeur à la faculté de médecine
de Casablanca. Par la suite, ces bouts de muqueuse suivent le rythme
hormonal comme s'ils se trouvaient dans l'utérus. Ainsi à la fin du
cycle, les lésions d'endométriose se congestionnent et saignent durant
les règles.
Mais à l'inverse des menstruations évacuées du corps,
le sang du tissu «égaré» n'a pas d'issue. Les tissus proches des
lésions sont ainsi enflés et douloureux, irrités par les saignements.
Cela dit, les vraies causes de l'endométriose demeurent inconnues.
Les
symptômes Une chose est pourtant sûre, cette maladie peut être à
l'origine d'infertilité ou de douleurs pelviennes. Bien que quelques
malades ne ressentent aucun symptôme, la plupart se plaignent de règles
douloureuses et abondantes, surtout vers le 3e ou 4e jour du cycle. Le
symptôme le plus souvent rencontré est lié à la douleur qui peut varier
dans sa date, sa durée et son apparition par rapport aux règles et même
sa localisation (pelvis, abdomen, lombaires, etc…).
Aussi, les
malades peuvent sentir d'intenses crises de fatigue, de douleurs en
urinant, de ballonnements douloureux, ainsi que de troubles
gastro-intestinaux comme des diarrhées, constipation, nausées.
Signalons que tous ces maux surgissent durant la période des règles.
Concernant
le traitement, les spécialistes distinguent deux grandes stratégies
thérapeutiques : Le traitement hormonal et le chirurgical. Le premier
consiste à bloquer l'ovulation, en provoquant une ménopause temporaire
artificielle accompagnée cependant d'effets secondaires (bouffées de
chaleur, sécheresse vaginale). Quant au traitement chirurgical, il
permet de retirer ou de détruire par électrocoagulation ou laser les
implants d'endométriose.
Cette intervention peut se faire par
coelioscopie le même jour que la laparoscopie diagnostique (sans
ouverture donc). Parfois, cependant, l'étendue des lésions nécessite
l'ouverture de l'abdomen, on parle alors de laparotomie.
Dans
des cas très sévères, une hystérectomie (ablation de l'utérus) peut
être pratiquée, mais les chirurgiens essaient au maximum de procéder à
une chirurgie conservatrice, en particulier chez les femmes de moins de
40 ans.
Un cortège de maladies L'endométriose aurait le
désavantage d'être associée à d'autres troubles : polyarthrite
rhumatoïde, allergie ou fatigue chronique. En effet, les victimes
d'endométrioses ont plus de risques de souffrir de maladies
auto-immunes comme le syndrome de Sjögren «2 », la polyarthrite
rhumatoïde, la sclérose en plaques ou le lupus systémique. Elles sont
cent fois plus susceptibles de souffrir de fatigue chronique et deux
fois plus de fibromyalgie (qui s'accompagne elle aussi de fatigue
durable intense et se caractérise par la présence de douleurs multiples
diffuses sur le corps).
L'hypothyroïdie (qui traduit une
sous-activité de la thyroïde et un ralentissement mental et physique)
est sept fois plus fréquente chez ces femmes. Parmi les maladies les
plus souvent rencontrées, on note aussi les allergies et l'asthme.
Cependant, les spécialistes pensent pouvoir empêcher les femmes de
développer ces troubles si l'endométriose est diagnostiquée à temps,
étant donné que cette dernière survient avant les autres affections.
Ils précisent qu'une femme atteinte d'endométriose sur cinq est victime
de plus d'une de ces maladies.
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Outre les douleurs, l'endométriose est liée à des problèmes
d'infertilité. Mais jusqu'alors, les mécanismes en jeu restaient
inconnus. Chez les femmes atteintes d'endométriose, la muqueuse qui
tapisse l'intérieur de l'utérus se développe dans des régions où elle
devrait être absente.
L'organisme ne parvient pas à éliminer
ces lésions qui occasionnent des inflammations et des hémorragies.
Cette affection entraîne des douleurs importantes et de fréquentes
infertilités. Néanmoins, les mécanismes à l'origine de la relation
entre endométriose et infertilité sont apparemment indéfinis. Une
équipe de chercheurs londoniens pourrait bien avoir élucidé ce mystère.
Ils ont ainsi extrait le liquide «péritonéal» de l'abdomen de six
femmes diagnostiquées comme malades d'endométriose et de six femmes
indemnes.
Ce liquide est en contact avec les trompes de «Fallope».
Ces «tubes» contiennent à leur surface des cils épithéliaux qui vont
amener délicatement l'ovule le long des trompes, jusqu'à sa rencontre
avec un spermatozoïde.
En observant l'effet du liquide sur des
trompes de «Fallope» prélevées chez des patientes ayant subi une
hystérectomie pour fibromes, ils ont pu constater que la fréquence des
vibrations ciliaires de l'épithélium des trompes était inférieure (de
24 %) avec le liquide émanant des femmes malades.
Cette inhibition
de la motilité des cils épithéliaux pourrait expliquer les problèmes
d'infertilité des femmes atteintes d'endométriose.
On ne sait
toutefois pas s'il s'agit de l'unique cause ou simplement de l'une
d'elles. Cette expérience devra néanmoins être confirmée «in vivo». Si
les substances inhibitrices sont identifiées, on peut espérer demain un
traitement spécifique.
Par
Rajaa Kantaoui | LE MATIN