La fibromyalgie et le syndrome de fatigue chronique chez l'adolescent
La fibromyalgie et le syndrome de fatigue chronique chez
l'adolescent sont des affections qui, à l'instar de l'adulte, se
caractérisent par des douleurs diffuses de zones spécifiques. Ces zones
sont les points de Yunus qui, quand on exerce sur eux une pression
suffisante mais pas trop intense (l'ongle doit blanchir uniquement)
entraîne une intensification (exacerbation) de la douleur.
Comme
pour la fibromyalgie de l'adulte, la fibromyalgie de l'adolescent ne se
traduit par aucune modification des analyses sanguines et urinaires en
pratique biologique de ville (certaines analyses réalisées dans des
laboratoires spécialisés font apparaître des perturbations du
fonctionnement de la sérotonine et de la substance P, qui est un
neuromédiateur de la douleur).
Ce
syndrome semble concerner environ 3 à 6 % de la population dans les
pays industrialisés. Aucune enquête fiable n'a été faite dans les pays
en voie de développement pour connaître le nombre d'adolescents
concernés par cette affection qui est traitée en rhumatologie
pédiatrique.
La fibromyalgie s'observe essentiellement dans le
sexe féminin mais concerne également les garçons à raison de 2 éléments
sur 10 environ. Ce sont les critères diagnostiques de l'American
College of Rhumatology qui sont pris en compte pour définir cette
affection. Ils comprennent, en dehors des douleurs diffuses symétriques
axiales (apparaissant de la même manière des deux cotés du corps et
essentiellement sur la colonne vertébrale), des douleurs à la pression
d'au minimum 11 points sur 18 des zones citées préalablement,
c'est-à-dire les points de Yunus. Ceux-ci sont situés aux faces interne
et externe des coudes, au deuxième espace intercostal au niveau de la
jonction entre la côte et le sternum, à la base du crâne, au niveau
l'articulation sacro-iliaque, à la face latérale de la hanche, à la
face interne du genou (zones les plus importantes).
Pour certains
spécialistes en rhumatologie, la palpation de ces zones ne devrait plus
rentrer dans les critères diagnostiques de la fibromyalgie. Pour
d'autres, il existe des zones variables comme par exemple le milieu de
la fesse, une zone située devant l'oreille, sur le moignon de l'épaule
(à la face avant de celle-ci) et en dessous du muscle rhomboïde (entre
les deux omoplates, un peu plus bas).
Parmi les enquêtes été
effectuées sur la fibromyalgie de l'adolescent, l'une d'elles, menée en
Finlande, montre que 5 % parmi 1756 adolescents normaux interrogés
rapportent les symptômes compatibles avec le diagnostic de fibromyalgie.
Il
existe des plaintes concernant des douleurs diffuses, une raideur
matinale, des sensations de gonflement des tissus mous et des
extrémités, une fatigue très importante au réveil ou un peu plus tard,
une fatigue générale dans la journée, des troubles du sommeil, des maux
de tête, une dépression, des paresthésies (c'est-à-dire des
fourmillements ou des picotements voire une impression d'électricité),
des perturbations du fonctionnement du tube digestif (à type de
colopathie entre autres).
L'examen de la patiente (ou du patient)
est le plus souvent normal en dehors des zones de douleur citées
préalablement. On constate quelquefois des perturbations du système
nerveux autonome, sans doute liées à la fatigue, ce qui se traduit
entre autres par une hypotension orthostatique, c'est-à-dire une chute
de la tension artérielle au moment où la patiente passe de la position
allongée à la position debout.
Chez certaines jeunes patientes, on a
retrouvé une hypermobilité (trop d'élasticité) des articulations, ce
qui semble être en rapport avec les douleurs décrites par elles.
Les analyses de sang ne montrent pas d'anomalies biochimiques.
On
constate néanmoins une augmentation du taux de l'homocystéine dans le
liquide céphalo-rachidien et des anomalies des neurotransmetteurs et
plus particulièrement de la sérotonine. Ces analyses de sang ne sont
bien entendu pas possibles en pratique médicale quotidienne.
Pour
certains auteurs, il existerait un déficit en vitamine B12 ce qui
expliquerait le défaut de fonctionnement et d'utilisation de
l'homocystéine.
Il semble que certaines patientes présentent un
profil psychologique teinté de traits émotionnels exacerbés avec des
antécédents d'aggravation familiale. Pour certains auteurs, il
existerait un terrain génétique de la fibromyalgie, pour d'autres il
s'agirait d'un retentissement environnemental et familial avec une
connotation dépressive.
L'évolution de cette affection chez
l'adolescent(e) n'est pas connue avec précision. Néanmoins, il existe
des formes qui se stabilisent au bout de quelques années et d'autres
formes qui ont tendance à s'aggraver.
Le syndrome de fatigue
chronique, pour certains spécialistes, serait légèrement différent de
la fibromyalgie sur différent points, dont la cause. En effet, au cours
du syndrome de fatigue chronique, il est trés fréquemment retrouvé une
étiologie (cause) infectieuse dans les antécédents des jeunes patients.
Diffèrents facteurs déclenchants ont été évoqués, et plus
particulièrement des infections virales ou des stress psychologiques
importants dans l'année qui précède la survenue des symptômes. Une
autre différence essentielle entre les deux syndromes est la suivante :
au cours du syndrome de fatigue chronique, il est nécessaire, pour
poser le diagnostic, de retrouver des antécédents de perte de mémoire,
de douleurs du pharynx, de douleurs des ganglions, de douleurs
musculaires et articulaires, et comme au cours de la fibromyalgie, des
troubles du sommeil, des céphalées et des malaises et une fatigue
intense survenant après les efforts.
Le traitement comporte
la prescription d'exercices physiques doux : ces exercices ne doivent
pas être intenses et fatiguer inutilement la patiente. Les séances de
relaxation, y compris le yoga et la psychothérapie, semblent être d'un
apport intéressant.
Les anticonvulsivants de type prégabaline
(Lyrica) et clonazépam (Rivotril) sont quelquefois utilisés pour
traiter les syndromes au cours desquels la symptomatologie est très
intense.
Les antidépresseurs (l'amitriptyline : Laroxyl, souvent
ordonné), contrairement à ce que l'on a longtemps cru, semblent au
contraire accentuer les doléances des malades.