Les antibiotiques bientôt distribués à l'unité

Les antibiotiques bientôt

Distribués à l'unité

L’Assemblée nationale autorise l’expérimentation de la délivrance de certains antibiotiques à l’unité. Avantages et inconvénients d’un système antigaspillage

La vente des antibiotiques à l'unité sera testée par des pharmaciens volontaires

Un kilo et demi de médicaments prêts à partir à la poubelle dans chaque foyer français : c’est le constat dressé par le ministère de la Santé et qui a poussé Marisol Touraine, la ministre, à proposer la délivrance des médicaments à l’unité.

L’Assemblée nationale a donc donné hier son feu vert à des expérimentations de vente à l’unité de certains antibiotiques. Ces tests se dérouleront dans quelque 200 pharmacies volontaires, dans des conditions fixées par décret aux termes de cette disposition du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2014.

Faire des économies et mieux protéger la santé des Français : tel paraît être le double objectif visé par Marisol Touraine. Le système permettrait de vendre les médicaments en moins grande quantité, d’où une réduction des dépenses de la Sécu. Il limiterait également le gâchis. Enfin, il éviterait que les Français ne prennent des médicaments pas forcément adaptés mais disponibles dans l’armoire à pharmacie.

« Un médicament sur deux n’est pas consommé », constate la ministre, qui déplore « la pollution lorsqu’ils sont jetés, des gaspillages ou de l’automédication lorsqu’ils restent dans les placards ».

Reste qu’à l’heure actuelle il n’y a pas d’études scientifiques démontrant un lien de causalité entre le conditionnement des médicaments et la surconsommation pharmaceutique.

D’autres facteurs peuvent l’expliquer, comme la mauvaise observance des traitements ou l’inadaptation et l’excès des prescriptions. Dans les pays où la vente en vrac est autorisée (États-Unis ou Canada), aucune étude n’est venue prouver une meilleure maîtrise de la consommation.

« Nous sommes prêts à faire l’expérimentation », affirme cependant François Martial, de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, qui souligne les inquiétudes quant à la traçabilité.

Un amendement de l’UDI a d’ailleurs été retenu, qui prévoit de définir l’« engagement de la responsabilité » des acteurs de la filière pharmaceutique dans le cadre de l’« expérimentation face aux risques judiciaires en cas d’incident ».

Le conditionnement, qui englobe la boîte en carton renfermant un flacon ou une plaquette, un dispositif de préparation et une notice, fait partie des critères d’autorisation de mise sur le marché (AMM) d’un médicament délivré par les autorités publiques, à côté des critères d’indications, de posologie et de durée du traitement, et bien entendu d’études cliniques, toxicologiques. Le conditionnement est ainsi considéré comme une garantie de protection de la santé publique.

Céleste Lett, député UMP favorable à la vente à l’unité - pour laquelle il avait déposé un amendement quand Xavier Bertrand était ministre de la Santé -, estime qu’il faudrait « confier le conditionnement des médicaments à l’unité à un établissement industriel ».

Justement, une entreprise allemande, 7x4 Pharma, est prête à investir 50 millions d’euros pour construire une usine à l’Europôle de Hambach et créer à terme 300 emplois.

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