Son combat contre une pilule contraceptive

 Son combat contre

Une pilule contraceptive

Une Bordelaise de 25 ans victime d'un accident vasculaire cérébral en 2006 doit désormais vivre avec des séquelles très handicapantes.

Avant son AVC, Marion Larat était une brillante élève.

Malgré la fatigue, la voix est ferme. Questionnée sur ce qu'elle attend du procès dont ses avocats viennent d'engager les démarches, Marion Larat en appelle d'abord à toutes les jeunes filles qui pourraient subir le même sort qu'elle. « Qu'à la fin, cela ait un écho pour elles. Il faut arrêter de dire que la pilule c'est super, c'est chouette. Ça peut aussi mener à la mort, à l'AVC. »

À 25 ans, la jeune femme ne peut s'empêcher de revenir en arrière. À ce mois de juin 2006 où, alors brillante élève en classe préparatoire au lycée Michel-Montaigne de Bordeaux, elle est sur le point de passer le concours de Normale sup ou d'une grande école de commerce.

Soudain, un AVC massif anéantit sa santé et un avenir qui s'annonçait brillant. La jeune fille tombe dans un coma de trois jours, avant de s'en réveiller hémiplégique et aphasique. Elle subit neuf opérations au CHU de Bordeaux, et des mois de rééducation.

Marion prenait depuis quatre mois une pilule de troisième génération, baptisée Meliane et commercialisée par le groupe Bayer. En mai 2012, la commission régionale de conciliation et d'indemnisation (CRCI) d'Aquitaine l'a pointée du doigt. « Il existe, indiquait-elle, des présomptions graves, précises et concordantes permettant d'imputer la survenue de l'AVC à l'administration de la Meliane. »

Là aussi, Marion réagit. « Comment se fait-il, interroge-t-elle, que les toubibs ne soient pas mieux informés, alors que les risques d'embolie ou de thrombose augmentent avec les pilules de troisième et de quatrième génération ? » Au sujet du sien, elle confirme qu'il n'était pas très performant sur la question. Il a d'ailleurs fallu que Marion consulte une nouvelle gynécologue pour découvrir qu'elle était porteuse d'une anomalie génétique : le facteur V de Leiden, qui entraîne une coagulation du sang plus rapide. Une contre-indication à la prise d'une contraception orale.

« Or, remarque son père, il n'a jamais été proposé à Marion un dépistage de facteurs de coagulation avant la prise de la pilule, ni même une enquête sur ses antécédents familiaux. »

« Prises au piège »

« Ce qui est dégueulasse, remarque Marion, c'est que les statistiques sur les différents incidents dont les jeunes filles sont victimes sont trop minces pour être prises en compte. L'état est impliqué dans tout ça. Et les filles sont prises au piège. »

Alors elle insiste pour qu'on alerte les jeunes filles qui sont dans le même cas qu'elle et qui, vraisemblablement, ne le savent pas. « J'ai appris, révèle-t-elle, que 8 % des femmes ont la même anomalie. Donc j'ai compris que d'autres étaient mortes, que d'autres allaient mourir. »

Marion a confié ses intérêts à deux avocats bordelais spécialisés dans les accidents médicaux, Me Jean-Christophe Coubris et Me Philippe Courtois. Ils portent plainte contre le directeur général de Bayer Santé pour « atteinte involontaire à l'intégrité de la personne humaine » et contre le directeur général de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).

Marion, elle, essaie de se lancer dans une petite entreprise. « Ce que je pourrai faire. Trop de choses ne sont plus possibles pour moi. »

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