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MON COMBAT CONTRE LA FYBROMYALGIE
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MON COMBAT CONTRE LA FYBROMYALGIE
  • La vie est un combat et malgré les maux, il nous faut avancer sur le chemin de notre destinée... - Attention, nous sommes ni médecins, ni thérapeutes. Vous devez absolument consulter avant de changer, arrêter ou prendre un traitement.
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15 décembre 2012

Le tarif de la consultation devrait passer à 40 euros

 

« Le tarif de la consultation

 

Devrait passer à 40 euros

 

Pour rejoindre la moyenne

 

Européenne » : un entretien

 

Avec Frédéric Scheiber,

 

Représentant de l’UFML

 

Paris, le samedi 15 décembre 2012 – « Y a-t-il une organisation pour sauver les médecins dans la salle ? ». C’est la question qui a commencé à tarabuster de nombreux praticiens au lendemain de la signature par la Confédération des syndicats médicaux français (CMSF), le Syndicat des médecins libéraux (SML) et MG France de l’avenant n° 8 à la convention médicale, visant à « réguler » les honoraires de secteur 2. Beaucoup, déçus par la teneur de cet accord ont choisi de manifester leur ressentiment sur internet. Le mouvement des « médecins pigeons » comme il est communément appelé était né. Bientôt, ce groupe, constitué de spécialistes de secteur 2 mais aussi de généralistes a pris les traits de  l’Union française pour la médecine libre (UFML). Cette dernière défend des revendications qu’aucun syndicat  n’ose porter aujourd’hui, telle la revalorisation du tarif de la consultation à 40 euros.

Le docteur Frédéric Scheiber, représentant des délégués départementaux de la toute nouvelle UFML revient avec nous sur les mots d’ordre de ce nouveau mouvement et sur les raisons qui ont présidé à sa création. L’épuisement des médecins, notamment généralistes, le refus du mépris des pouvoirs publics et la volonté de s’opposer aux réseaux mutualistes comptent parmi les plus importantes.
Nous lui donnons la parole, sans prendre parti.
 

JIM : Qu’est-ce qui a présidé à la naissance de l’Union française pour la médecine libre ?

Dr Frédéric Scheiber : L’avenant n°8 bien sûr a constitué un électrochoc. Ce texte n’apporte rien, ni aux médecins spécialistes, ni aux médecins généralistes. Il n’est en aucun cas une réponse aux difficultés que rencontrent aujourd’hui les praticiens. En outre, l’UFML porte la voix d’une communauté médicale révoltée. Révoltée notamment par le mépris des représentants politiques et en particulier celui de Marisol Touraine. Nous ne comptons plus les affronts émanant de sa part. Nous avons été traités de nantis, on nous a répété à l’envi que nos études étaient payées par l’Etat. Faut-il rappeler que tous les étudiants en France allant en faculté voient leurs études « payées » par l’Etat ? 

Les syndicats offrent-ils réellement une juste représentation de la volonté des médecins ?

Enfin, l’UFML témoigne d’une profonde déception quant à l’action de nos syndicats. Nous avons été abandonnés par ces derniers. Avec la signature de l’avenant n°8, ils nous ont laissés tomber. La naissance de l’UFML, qui a émergé avec le mouvement des « médecins pigeons » sur internet, est le résultat d’un épuisement et d’une révolte profonde des médecins, spécialistes et généralistes.

Aujourd’hui, l’UFML est un mouvement bien organisé, dont une récente assemblée générale a permis de finir de la structurer. Nous aspirons à représenter une force de frappe inédite, aujourd’hui indépendante des syndicats.

JIM : Constatez-vous aujourd’hui des premières répercussions de votre action ?

Dr Frédéric Scheiber : Bien sûr ! En deux mois, nous sommes devenus une armée incontournable. Nous parvenons de plus en plus à nous faire entendre, notamment auprès des médias. Sous notre impulsion, jamais on a autant entendu dire qu’il fallait revaloriser le secteur 1. Il semble désormais que tout le monde en est convaincu. Même le professeur Grimaldi, bien qu’il ne semble pas parfaitement maîtriser les enjeux liés aux compléments d’honoraires, finit par nous rejoindre en ce qui concerne la revalorisation du secteur 1. Par ailleurs, en partie grâce à la lettre que lui a adressée Jérôme Marty, président de l’UFML, l’Ordre semble enfin avoir pris la mesure du danger que représentent les réseaux mutualistes.

JIM : Pour l’heure, l’UFML a souvent été présentée comme un mouvement de défense des spécialistes. Pourtant, son combat concerne également les généralistes, pouvez-vous nous parler du malaise de ces derniers.

Dr Frédéric Scheiber : En effet, l’UFML défend également les généralistes et beaucoup d’entre eux n’en ont pas encore suffisamment conscience. Au sein de l’UFML, la représentation entre généralistes et spécialistes est parfaitement égalitaire. C’est d’ailleurs de cette unité que l’UFML tire sa force.
Concernant le malaise des médecins généralistes, je peux l’évoquer avec vous d’autant plus aisément que j’exerce depuis 21 ans la médecine générale en secteur 1 dans un village situé dans le bassin de Longwy. Mes conditions d’exercice actuelles reflètent bien les difficultés auxquelles sont confrontés nombre de médecins généralistes. Dans le bassin où j’exerce, bien qu’installé depuis plus de 20 ans, je suis un des plus jeunes médecins. Beaucoup de confrères s’arrêtent, sont malades ou ne veulent plus faire de gardes. Aussi, sommes-nous contraints aujourd’hui d’élargir nos horaires : je débute fréquemment mes journées vers 7 h 30 du matin et je les achève après 20 h.

Qui travaille 13 heures par jour, avec des responsabilités immenses pour le même salaire que les généralistes ?

Je fais mon métier avec passion et avec engagements et je n’ai guère de regrets, même si je n’ai pas beaucoup vu grandir mes enfants. Cependant, aujourd’hui, je ne peux m’empêcher de m’interroger : comment faire face à la surcharge de travail actuelle et à celle qui inévitablement augmentera ? On nous dit qu’on fait de « l’abattage ». Si l’abattage c’est recevoir 40 voire 45 patients par jour, alors oui nous faisons de l’abatage. Mais nous y sommes obligés pour répondre à la demande des patients. Nous le faisons au prix d’un élargissement des horaires. Je ne connais guère de métier où les heures de travail sont aussi importantes, où les responsabilités sont aussi lourdes et où le salaire est au même niveau que le notre. Aujourd’hui, peinant à trouver des remplaçants, accablé par les tracasseries des caisses toujours plus tatillonnes, privés de reconnaissance de l’Etat, les médecins généralistes sont épuisés.

JIM : Vous évoquez les niveaux de rémunération des médecins généralistes. Quelles sont à cet égard les revendications de l’UFML ?

Dr Frédéric Scheiber : Nous souhaitons une revalorisation du tarif de la consultation à 40 euros. Il n’y a là rien qui devrait surprendre. Quarante euros c’est s’inscrire enfin dans la moyenne européenne, c’est rejoindre la moyenne canadienne. Des économistes, tel Frédéric Bizard, confirment qu’il ne s’agit pas d’une revendication déconnectée de la réalité ou ubuesque.
On ne demande pas de l’argent pour de l’argent. Mais il faut bien avoir conscience des charges qui pèsent sur nous et qui elles continuent de progresser, quand nos honoraires stagnent. Mon comptable me confiait récemment qu’en travaillant trois jours par semaine, au vu des charges auxquelles je suis soumis, je pourrais gagner finalement autant. Mais bien sûr, je m’y refuse, au nom de mon engagement vis-à-vis de mes patients. Et mon cas est loin d’être isolé.

Pourquoi avoir honte de gagner de l’argent ?

J’ajouterai qu’en tant que généralistes, nous avons une vision très précise des différentes situations des Français. Nous pouvons parfaitement nous situer par rapport au reste de la population. Nous sommes donc parfaitement conscients que nous ne faisons pas partie des plus malheureux. Est-ce une raison pour avoir honte de gagner de l’argent et de mériter notre salaire ?

JIM : Outre le passage à 40 euros de la consultation des médecins généralistes, quels sont les autres mots d’ordre de l’UFML ?

Dr Frédéric Scheiber : Nous appelons évidemment au retrait de l’avenant n°8 et nous défendons la nécessité de pouvoir appliquer des compléments d’honoraires. Notre autre cheval de bataille concerne les mutuelles. A nos yeux, elles représentent un véritable danger. La récente proposition de loi examinée en première lecture à l’Assemblée nationale autorise donc la constitution des réseaux de soins. Ces derniers sont une vraie menace pour la liberté. D’abord, en dépit des garanties promises par le ministre, il fait peu de doute qu’un patient s’orientera plus naturellement vers un médecin agréé par le réseau de sa mutuelle et qu’il perdra de ce fait la liberté de son choix quant au praticien consulté. Concernant les médecins qui s’inscriront dans ces réseaux, il n’est guère difficile de comprendre qu’ils seront pieds et mains liés. Si les mutuelles considèrent que leurs prescriptions sont trop dispendieuses, elles pourront parfaitement rompre l’agrément. Bref, cela risque de changer profondément la façon de travailler des médecins et cela n’est pas admissible.

Mutuelles et élus : des conflits d’intérêts gênants

Or, tout cela se passe avec la bénédiction des pouvoirs publics. Inutile de rappeler ici comment Marisol Touraine a offert lors du congrès de la Mutualité un an de plus aux mutuelles en ce qui concerne l’obligation de publication de leurs comptes. Moins connus sont les nombreux conflits d’intérêts qui existent entre politiques et mutuelles. Citons par exemple le cas du député Richard Ferrand, qui la semaine dernière affirmait aux médecins généralistes qu’ils n’avaient rien à redouter des réseaux mutualistes… ce même Monsieur Ferrand faisant partie de la Mutualité de Bretagne ! Pour nous, il apparaît de façon claire que le gouvernement veut se désengager au profit des mutuelles. Et ces dernières ont pour ambition de nous salarier. Or, si nous sommes salariés, il est certain que les médecins ne dépasseront plus les 35 heures de travail hebdomadaires et cela représentera un vrai danger pour l’accès aux soins. Ne parlons pas en outre des différents niveaux de prestation offerts par ces réseaux, qui sans doute favoriseront des soins à plusieurs vitesses. Et quid du secret médical lorsque quelqu’un remplira un formulaire d’assurance dans lequel des informations sur la santé sont requises… quand on sait que mutuelles et assurances font si bon ménage ? Autant d’éléments qui montrent l’ampleur de la menace que fait peser l’avènement des réseaux mutualistes.

JIM : Face à ce constat, quel regard portez-vous sur l’avenir de la médecine libérale ? Que pensez-vous des dernières propositions du ministre, proposant d’offrir une garantie de salaire aux jeunes médecins acceptant de s’installer dans des déserts médicaux ?

Dr Frédéric Scheiber : Aujourd’hui, 9 % des jeunes inscrits à l’Ordre choisissent l’exercice libéral : il y a vingt ans, vingt ans ce n’est pas si éloigné, nous étions 90 %. Si on veut que des jeunes médecins aient envie de s’installer et de s’installer à la campagne, il faut qu’ils aient les moyens de pouvoir se payer une secrétaire, de partir en vacances et il faut qu’ils soient nombreux. Si on leur offre ces différents éléments, alors ils s’installeront. Aussi, je ne crois pas que garantir un salaire minimum sera suffisant. Ce qu’il faut c’est revaloriser la médecine dans son ensemble pour donner envie aux jeunes de faire ce métier.

 

 

 

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http://www.jim.fr/

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