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MON COMBAT CONTRE LA FYBROMYALGIE
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MON COMBAT CONTRE LA FYBROMYALGIE
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20 septembre 2012

Critères de diagnostic de la fibromyalgie

Critères de diagnostic
De la fibromyalgie

 

 

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Rev Med Suisse 2011;7:604-608

Résumé

 

La fibromyalgie est une entité très controversée et très actuelle. C’est la pathologie douloureuse chronique la plus importante avec une prévalence de 2 à 4% dans la population générale et un ratio de 3,5% de femmes pour 0,5% d’hommes. Depuis 1990, la fibromyalgie a été définie selon les critères de l’American college of rheumatology (ACR). L’utilisation de ces critères a un intérêt controversé en pratique quotidienne et diverses études ont montré qu’un pourcentage important de fibromyalgiques sont diagnostiqués sans les critères ACR. Cet article se propose de décrire une méthode alternative pour diagnostiquer la fibromyalgie.

Introduction

Affection très fréquente dans la pratique médicale, la fibromyalgie reste une entité très controversée. Contrairement à ce qui était parfois entendu, il ne s’agit en aucun cas d’une affection nouvelle, comme le syndrome de fatigue chronique auquel elle est souvent associée. Le terme de fibromyalgie a été retenu après d’autres dénominations : fibrosite, fibromyosite, polyenthésopathie ou SPID (Syndrome polyalgique idiopathique diffus). Depuis 1992, la fibromyalgie est reconnue comme une maladie rhumatismale par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

La fibromyalgie représente le meilleur exemple d’un état douloureux chronique diffus sans cause nociceptive périphérique démontrable. Plusieurs hypothèses ont été évoquées pour tenter d’expliquer cette maladie, mais aucun des mécanismes physiopathologiques avancés ne fait l’unanimité. On suggère que la fibromyalgie résulte d’interactions complexes comme par exemple des perturbations hormonales et des neurotransmetteurs, ainsi que l’intervention des agents de stress externes (difficultés socioprofessionnelles et familiales par exemple) et d’un comportement particulier vis-à-vis de la maladie. L’hypothèse des troubles du système sympathique et immunitaire a été également avancée. Il en résulte un abaissement du seuil douloureux et le syndrome polyalgique diffus est caractéristique. Le phénomène de sensibilisation centrale semble s’imposer dernièrement grâce aux récentes recherches en neuro-imagerie qui montrent que l’activité cérébrale augmente dans les régions somatosensorielles primaires et secondaires, de même que dans l’insula, le putamen et le cervelet, lorsqu’on soumet une pression du lit de l’ongle du pouce de 2,4 kg/cm2 chez les fibromyalgiques par rapport aux sujets témoins.

La fibromyalgie est la pathologie douloureuse chronique la plus importante avec une prévalence de 2 à 4% dans la population générale et un ratio de 3,5% de femmes pour 0,5% d’hommes.1 Dans les consultations de médecine générale, sa fréquence est de 2 à 6% pour arriver entre 14-20% en consultations rhumatologiques.

La prévalence de la fibromyalgie n’est pas la même dans tous les pays. On peut ainsi constater une prévalence de 1,4 à 2,2% en France, de 2% aux Etats-Unis, de 2,4% en Espagne, de 2,2% en Italie pour descendre à 0,75% en Finlande et 0,66% au Danemark. Ces différences s’expliquent par la procédure de dépistage et/ou des critères diagnostiques utilisés.

Une des méthodes de dépistage utilisée consiste en enquêtes téléphoniques effectuées auprès des échantillonnages représentatifs de la population en utilisant le questionnaire LFESSQ (London fibromyalgia epidemiology study screening questionnaire).2

Le questionnaire comprend quatre questions concernant la douleur et deux questions concernant la fatigue(tableau 1).

Le dépistage est considéré comme positif si un sujet répond, soit seulement aux quatre critères de douleur, soit à la fois aux quatre critères de douleur et aux deux critères de fatigue.

Agrandir le tableau 1 
Questionnaire LFESSQ
LFESSQ : London fibromyalgia epidemiology study screening questionnaire.

Définition

La fibromyalgie est un syndrome douloureux musculosquelettique d’évolution chronique évoluant depuis au moins trois mois. Mis à part ce critère, selon l’ACR, la fibromyalgie est définie par la présence de douleurs qui touchent les deux hémicorps à la fois au-dessus et au-dessous de la taille, aux niveaux axial et périphérique. Il faut avoir une douleur à la pression digitale de 4 kg/cm2 (ou exprimé différemment, jusqu’à ce que l’ongle du pouce devienne blanc) d’au moins onze des dix-huit points de la fibromyalgie.

Avec ces critères, la sensibilité est de 88,4% et la spécificité de 81,1%.

Les dix-huit points habituellement décrits dans la fibromyalgie sont énumérés dans le tableau 2.

Agrandir le tableau 2 
Points douloureux dans la fibromyalgie selon les critères ACR – 1990
ACR : American college of rheumatology.

Le caractère des douleurs décrites dans la fibromyalgie consiste en douleurs constantes ou intermittentes, sévères, migratrices, évoluant par crise ou sous forme de douleurs permanentes, variables d’un patient à l’autre.

Régulièrement, les douleurs sont associées à plusieurs autres symptômes (tableau 3).

Agrandir le tableau 3 
Symptômes associés

La fibromyalgie peut accompagner des pathologies rhumatismales telles que les tendinites, la polyarthrite rhumatoïde, la spondylarthrite ankylosante, l’arthrose, le lupus et le plus souvent le syndrome de Sjögren.

Il n’y a aucun examen biologique spécifique pour diagnostiquer la fibromyalgie. Cependant, il est très important d’éliminer toute autre affection qui pourrait se manifester par un tel tableau clinique. L’American pain society (APS) recommande d’effectuer, à tout nouveau cas qui se présente pour des douleurs ostéoarticulaires chroniques type fibromyalgie, une formule sanguine, les enzymes musculaires, les tests hépatiques et un bilan thyroïdien.3

Depuis 1990, nous utilisons les critères de l’ACR pour le diagnostic de fibromyalgie,4 critères initialement considérés comme des critères de classification. Ces critères sont très utiles en recherches clinique et épidémiologique, mais ils ont un intérêt controversé en pratique quotidienne. En effet, il a été constaté que très souvent le diagnostic était posé chez des patients qui n’ont pas les onze points douloureux, nombre de points déterminés comme suffisants pour différencier la fibromyalgie d’autres syndromes douloureux selon les critères établis par Wolfe et coll. en 1990.5 Les diverses études ont montré clairement que 80% des fibromyalgiques sont diagnostiqués sans les critères ACR,6 critères qui par ailleurs n’incluent pas les autres symptômes associés (fatigue, troubles du sommeil, troubles fonctionnels).

En 2006, Kats et coll.7 ont publié un travail intéressant sur la concordance des critères de fibromyalgie. Dans leurs études, ils comparent trois outils diagnostiques chez 206 patients :

  • deux questionnaires évaluant le score de douleurs régionales non articulaires (≥ à 8 localisations et une échelle visuelle analogique (EVA) fatigue (≥ 6)) sans examen clinique.
  • Les critères ACR 1990.
  • La propre impression du clinicien.

Les trois outils comparés ont une concordance de 75%. Ces résultats montrent qu’il n’y a pas de gold standard diagnostique pour la fibromyalgie et que plusieurs méthodes diagnostiques sont possibles, y compris celles n’ayant pas recours à l’examen clinique.

Limites des critères américains

Plusieurs critiques doivent en effet être formulées envers les critères ACR qui comportent certaines limites.8,9 Si la présence des points douloureux à la pression est un critère diagnostique indispensable, il faut préciser que le seuil de onze points n’est pas toujours respecté par les praticiens et qu’un certain nombre de facteurs peuvent influencer la réponse du patient.10 Parmi ceux-là, il faut mentionner que les sites retenus peuvent être douloureux en l’absence d’une fibromyalgie si la pression appliquée est trop forte, nécessitant ainsi l’acquisition d’un certain entraînement de la part du clinicien. De plus, les points douloureux varient chez le même individu d’un jour à l’autre. Par contre, le nombre de points douloureux est bien corrélé à la sévérité des douleurs.11 Les critères ACR ne tiennent pas compte des critères d’exclusion reposant sur d’éventuelles anomalies radiologiques ou biologiques. Par ailleurs, les critères ne mentionnent pas les symptômes non douloureux associés, pourtant très souvent présents (fatigue, troubles du sommeil, céphalées, côlon irritable). Certes, ils ne revêtent aucune spécificité, mais leur association dans un contexte polyalgique apporte un complément diagnostique non négligeable.

Propositions pour nouveaux critères de diagnostic

Conscients des problèmes inhérents dans le diagnostic de la fibromyalgie, après vingt ans d’utilisation des critères susmentionnés, l’American college of rheumatology et l’European league against rheumatism (EULAR) cherchent d’autres alternatives de diagnostic et de suivi de cette entité.

Dans leurs récents travaux, Wolfe et coll.12 proposent :

  • de remplacer les points douloureux des critères actuels par des zones douloureuses.
  • De reconnaître l’importance d’une mesure quantitative de la douleur (WPI – Widespread pain index).
  • D’incorporer les principaux symptômes de la fibromyalgie dans les critères.
  • De fournir des échelles de sévérité (SS – Severity scale) afin de mesurer l’étendue de la douleur et la sévérité des symptômes.

Widespread pain index est une variable très importante qui représente le nombre de régions douloureuses qui sont configurées dans la figure 1 et énumérées dans le tableau 4. Le médecin comptabilise le nombre de zones douloureuses présentes durant la semaine avant la consultation. Le score est de 0 à 19.

Agrandir la figure 1 
Zones douloureuses
(Selon réf.12).

Agrandir le tableau 4 
Zones douloureuses dans la fibromyalgie
(Selon réf.12).

L’échelle de sévérité des symptômes (SS), deuxième index très important, se réfère à la fatigue, aux troubles du sommeil, aux troubles cognitifs et aux symptômes somatiques. Ces symptômes sont cotés de 0 à 3 (0 : pas de problème, 1 : très légers, 2 : modérés, 3 : sévères).

En prenant en considération ces nouveaux index (WPI de 0 à 19 et Severity scale de 0 à 12) (tableau 5), on arrive à un score total de 31. Un score ≥ 13 a été retenu comme critère de base dans le diagnostic de la fibromyalgie. Selon ces critères,13 pour qu’un patient puisse satisfaire au diagnostic actuel de fibromyalgie, il doit remplir les trois conditions suivantes :

  • symptômes douloureux présents depuis au moins trois mois.
  • Index de la douleur à 7 et échelle de sévérité des symptômes à 5 ou index de la douleur entre 3 et 6 et échelle de sévérité des symptômes à 9.
  • Toute autre cause responsable des douleurs chroniques ostéoarticulaires doit être exclue.

Agrandir le tableau 5 
Scores de diagnostic et d’évaluation de la fibromyalgie
(Selon réf.13).

Conclusions

Dans la mesure où la fibromyalgie reste une affection très fréquente, les méthodes de diagnostic méritent une attention importante. A ce jour, plusieurs outils diagnostiques peuvent être utilisés montrant ainsi qu’il n’existe pas un gold standard pour le diagnostic de la fibromyalgie. L’alternative proposée récemment par les travaux de Wolfe et coll. et son application par Mease et coll. sur un large collectif de patients participant au National data bank for rheumatism desease apportent quelques améliorations dans le diagnostic, méthode qui a l’avantage de faciliter le suivi des fibromyalgiques en utilisant les échelles de sévérité des symptômes.

Ces critères diagnostiques ne sont pas imposés dans l’utilisation actuelle, mais sont une alternative intéressante. L’examen clinique n’est pas nécessaire, mais cela ne facilite pas le travail du médecin, car le diagnostic de fibromyalgie demande une évaluation complète de la douleur, de la fonction et du contexte psychosocial de chaque malade.

Implications pratiques

> Plusieurs méthodes diagnostiques de la fibromyalgie sont actuellement admises 
> L’alternative proposée par Wolfe et coll. présente l’avantage d’intégrer dans les critères de diagnostic les symptômes associés à la douleur 
> L’échelle de sévérité des symptômes proposée est très utile dans le suivi des fibromyalgiques

Bibliographie
  1.  [*] Laroche F. Actualités de la fibromyalgie. Rev Rhum 2009;76:529-36.
  2.  Bannwarth B, Blotman F, Roué-Le Lay K, et al. Etude de la prévalence de la fibromyalgie dans la population française. Rev Rhum 2009;76:274-8.
  3.  Burckhardt C, Goldenberg DL, Crofford L, et al. Fibromyalgia syndrome pain management guideline panel 2002-2005. In : Guideline for the management of fibromyalgia syndrome pain in adults and children. Glenview (IL) : American Pain Society (APS) 2005109 (Clinical practice guideline no 4).
  4.  Wolfe F, Smythe HA, Yunus MB, et al. The American college of rheumatology 1990 criteria for the classification of fibromyalgia : Report of the Multicenter criteria commitee. Arthritis Rheum 1990;33:160-72. [Medline]
  5.  Mease PJ. Fibromyalgia syndrome : Review of clinical presentation, pathogenesis outcome measures and treatment. J Rheumatol 2005;75:6-21.
  6.  Fitzcharles MA, Boulos P. Inaccuracy in the diagnosis of fibromyalgia syndrome : Analysis of referrals. Rheumatology (Oxford) 2003;42:263-7. [Medline]
  7.  Kats RS, Wolfe F, Michaud K, et al. Fibromyalgia diagnostic. A comparison of clinical survey and American college of rheumatology criteria. Arthritis Rheum 2006;54:169-76. [Medline]
  8.  Crofford LJ, Clauw DJ. Fibromyalgia : Where are we decade after the American college of rheumatology criteria were developed ? Arthritis Rheum 2002;46: 1136-8.
  9.  Kahn MF. Les critères de la fibromyalgie. Une étude critique. Rev Rhum 2003;70:292-4.
  10.  Wolfe F. The relation between tender points and fibromyalgia symptom variables : Evidence that fibromyalgia is not a descrete discorder in the clinic. Ann Rheum Dis 1997;56:268-71. [Medline]
  11.  Staud R, Smitherman ML. Peripheral and central sensitization in fibromyalgia syndrome : Pathogenetic role. Current Pain Headache Rep 2002;6:259-66.
  12.  [**] Wolfe F, et al. The American college of rheumatology preliminary diagnostic criteria for fibromyalgia and mesuarement of symptom severity. Arthritis Care Res 2010;62:600-10.
  13.  [**]Mease P, et al. Development of the fibromyalgia survey diagnostic criteria, a modification of the ACR (2010) preliminary diagnostic criteria for fibromyalgia. EULAR, juin 2010.


[*] à lire [**] à lire absolument 

Abstract

Fibromyalgia is nowadays an object of controversy. It is the most significant painful and chronic pathology, with a prevalence of 2 to 4% in the general population and a ratio of 3,5% of women for 0,5% of men. Since 1990, fibromyalgia has been defined according to the criteria of the American College of Rheumatology (ACR). The use of these criteria in practice has proved to be controversial and a wide range of studies has shown that an important percentage of patients with fibromyalgia are diagnosed without the criteria of the ACR. This article describes an alternative method for the diagnosis of fibromyalgia.

 

 

Contact auteur(s)

Liliana Belgrand, Service de rhumatologie
Département de l’appareil locomoteur
CHUV, 1011 Lausanne
 
liliana.belgrand@chuv.ch
 

Alexander So, Service de rhumatologie
Département de l’appareil locomoteur
CHUV, 1011 Lausanne
 
alexanderkai-lik.so@chuv.ch
 

 

 

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http://rms.medhyg.ch/

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