Le Prozac

         Le Prozac au chevet des victimes d'AVC

En agissant sur l'humeur et sur les neurones, l'antidépresseur améliorerait la récupération motrice après un accident vasculaire cérébral.

Il est possible d'améliorer nettement les capacités motrices, et donc l'indépendance au quotidien, d'une personne victime d'un accident vasculaire cérébral dû à la formation d'un caillot (AVC ischémique). C'est ce que montre l'équipe toulousaine de François Chollet (Inserm U825, "Imagerie cérébrale et handicaps neurologiques"). Selon ses travaux, le fait de prescrire l'antidépresseur fluoxétine (Prozac) précocement après un AVC favorise la récupération de la motricité chez des patients souvent lourdement touchés. François Chollet commente ces résultats publiés lundi dans The Lancet Neurology.

Pour commencer, quelles sont les conséquences au niveau cérébral d'un AVC ?

François Chollet : L'AVC provoque des dommages parfois irréversibles dans le cerveau, car les cellules nerveuses ne se renouvellent pas (ou très peu) et leur mort par privation d'oxygène entraîne des pertes fonctionnelles. L'hémiplégie (paralysie de la moitié du corps) et l'hémiparésie (faiblesse de la moitié du corps) constituent alors les handicaps les plus fréquents. On sait néanmoins que le cerveau humain se réorganise spontanément après une lésion unique comme un AVC. Mais la récupération est souvent de faible importance.

D'où vos travaux pour tenter de l'augmenter ?

Oui. Des travaux préliminaires avaient suggéré que le Prozac, voire les médicaments de la même famille, les "inhibiteurs de la recapture de la sérotonine", pouvaient améliorer la motricité après un accident vasculaire cérébral. Cette fois nous avons suivi 118 patients hospitalisés pour hémiplégie au sein de neuf unités neurovasculaires en France, entre mars 2005 et juin 2009. Pendant les trois mois suivant leur AVC, la moitié a reçu du Prozac, l'autre moitié un placebo. Des tests moteurs ont été effectués au début puis à la fin de l'étude. Et l'amélioration a été plus importante chez les patients sous Prozac, aussi bien pour les gestes simples que pour les gestes complexes.

Comment expliquez-vous ces résultats ?

De deux façons. Il y a d'abord un effet sur l'humeur, ce qui incite les patients à participer plus activement aux séances de rééducation proposées. Car si tout le monde ne fait pas une dépression après un AVC, ce phénomène n'est pas rare. D'ailleurs, dans notre essai qui portait sur des malades non déprimés au départ, il y a eu beaucoup moins de dépressions sous Prozac que sous placebo, preuve de son effet préventif. Seconde explication : une action directe sur les neurones. Le Prozac entraîne une hyperexcitabilité des cellules nerveuses, il "suractive" les cortex moteurs. Cette classe de médicaments augmente artificiellement la teneur en sérotonine dans le cerveau et ce neuromédiateur agit à différents niveaux, notamment dans l'exécution motrice.

Faudra-t-il donner du Prozac a toutes les victimes d'AVC ?

Il est trop tôt pour le dire. Il faut confirmer nos résultats, même si la différence est très nette sur les 118 malades étudiés. D'autre part, des questions persistent. L'effet obtenu avec trois mois de traitement sera-t-il durable ? Les progrès vont-ils continuer ? Combien de temps devra-t-on prescrire ce médicament ? Il faudra aussi évaluer ses effets sur les fonctions neurologiques autres que la motricité - le langage, la vision... - et l'opportunité de traiter de la même façon les accidents vasculaires hémorragiques ou d'autres pathologies. Néanmoins, une étape importante a été franchie.

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Comments

[magousacoud]

coucou
j'en ai entendu parler aux infos
c'est bien q tu mette l'article ci
j'espère q tu va bien
merci pour ton passage et ta sympatie
a bientot
magali