les scanners corporels
Plusieurs scientifiques américains ont alerté sur les risques pour la santé que présentaient les scanners corporels à rayons X qui dévoilent l'ensemble du corps humain installés dans certains aéroports vendredi. Ils considèrent que les garanties apportées par la Maison Blanche à ce sujet sont insuffisantes.
L'affaire a commencé en avril quand des collègues de l'Université de Californie à San Francisco (UCSF) ont envoyé une lettre au bureau de la science et de la technologie de la Maison Blanche pour alerter contre «les risques potentiellement graves pour la santé» posés par ces scanners. Ils y expliquaient que la plus grande partie de l'énergie provenant de ces scanners est absorbée par la peau et les tissus sous-cutanés.
«La dose serait sans danger si elle était répartie dans l'ensemble du volume corporel, mais pour la peau, elle peut être dangereusement élevée», écrivaient les scientifiques dans leur lettre.
Des expérimentations en France
Le bureau de la science et de la technologie de la Maison Blanche a répondu cette semaine à ces inquiétudes en indiquant que les scanners avaient été «testés en profondeur» par les agences gouvernementales américaines et respectaient les normes de sécurité. Mais pour John Sedat, un biochimiste de l'Université de Californie interrogé vendredi par l'AFP, la réponse officielle est «très insuffisante». Les chercheurs de l'UCSF préparent donc un argumentaire à opposer à la Maison Blanche.
C'est en 2007 que l'administration américaine chargée de la sécurité des transports, la TSA (Transportation security Administration), a commencé à utiliser ces scanners corporels pour lutter contre les risques terroristes. Leur utilisation s'est généralisée cette année après l'achat de 450 nouveaux scanners grâce à des fonds du plan de relance américain. Environ 315 scanners intégraux à rayons X sont utilisés actuellement dans 65 aéroports américains.
En France, seules des expérimentations ont été menées notamment à l'aéroport de Roissy et de Nice. Outre les risques médicaux, l'installation de ce dispositif dans plusieurs pays européens avait été perçue comme une atteinte à la «dignité personnelle» dans le sens où le scanner déshabille les passagers.
Le Dr Michael Love, qui dirige un laboratoire étudiant les rayons X au département de biophysique de l'université Johns Hopkins (Maryland, est), partage ces inquiétudes. «On nous dit que le risque est minimal, mais statistiquement, il va y avoir des cas de cancers de la peau à cause de ces rayons X», avertit le scientifique. «Aucune exposition aux rayons X ne peut être considérée comme bénéfique. Nous savons que les rayons X sont dangereux, mais dans les aéroports, les gens ont un tel besoin de voyager qu'ils sont prêts à risquer leur vie» à cause de ces rayons X.