" Mes ordonnances alimentaires "

1 mars 2010

" Mes ordonnances alimentaires "

De Laurent Chevallier

Le nutritionniste Laurent Chevallier délivre les aliments sur ordonnance

Surpoids, allergies, cancer, hypertension, constipation, troubles de la libido… Le dernier ouvrage de Laurent Chevallier, nutritionniste à Montpellier, passe au crible soixante pathologies qu’on peut prévenir, et parfois soigner, sinon guérir, avec une alimentation adaptée. Sans être alarmiste, Mes ordonnances alimentaires, sorti hier en librairie, invite à la vigilance, délivre des conseils pratiques. Et ouvre des pistes de réflexion sur des sujets rarement défrichés : quel est le rôle de l’alimentation dans les nouvelles maladies ? Pourquoi n’est-on pas plus vigilant sur les emballages ? Comment sortir de la fatalité qui consiste à enchaîner les régimes ?

Tour d’horizon...

1. L’incidence de certaines maladies explose
Vingt-huit millions de Français sont atteints de maladies chroniques, rappelle le directeur de la caisse primaire d’assurance maladie de la Sarthe, dans la préface du livre (1). En dix ans, dit Laurent Chevallier, l’obésité infantile a augmenté de 300 %, le diabète de 40 %. Le nombre de cancers a doublé en vingt-cinq ans. Enfin, on assiste à l’émergence de maladies touchant 12 % de la population. Les plus fréquentes : fibromyalgie (douleurs chroniques, fatigue, troubles du sommeil), fatigue chronique, syndromes d’hypersensibilité chimique (maladies respiratoires, maux de tête, troubles digestifs). Sans cause apparente, elles sont mises abusivement sur le compte de problèmes psychologiques, regrette le médecin. Pour lui, il y a un lien de cause à effet évident avec notre alimentation.

2. L’alimentation "santé" existe-t-elle ?
C’est le thème du livre de Laurent Chevallier. Il délivre des ordonnances sur 60 affections ou situations de mal-être. Certaines sont déjà diffusées auprès du public, d’autres sont plus originales. Exemples : contre l’acné, il faut réduire fortement la consommation de sucres et doper son alimentation en zinc ; le riz, comme les choux, les brocolis, les oignons, les pommes, les épinards et le curcuma protègent du cancer ; le "régime" anti-constipation associe une alimentation riche en fruits et légumes (kiwis, melons, jus de pomme, épinards), et activité physique ; il faut en revanche manger des carottes cuites, du riz, du quinoa, du gruyère, des œufs durs contre la diarrhée, mais supprimer légumes, fruits secs et le lait.

3. Pourquoi bien manger ne suffit-il pas à s’alléger ?
« Tous les discours incitant à contrôler par la volonté la faim et les apports en calories sont généralement inefficaces », rappelle Laurent Chevallier. Après les régimes dissociés et autres formules hyperprotéinées, la bonne recette serait l’alimentation fractionnée individualisée. En résumé : il faut moins manger aux repas mais s’autoriser la collation de 11 heures et le goûter de 16 heures (à base de fruits) pour se « déconditionner » de la nourriture. Petites "astuces" : boire de l’eau et ne pas hésiter à respirer de l’huile essentielle de lavande qui a pour effet de saturer les récepteurs olfactifs et de tromper le cerveau. Enfin, il faudrait commencer par « autoanalyser » son type de faim : la faim peut être physiologique, compulsive, déstructurée…

4. Les ennemis du bien manger : la liste noire
Il y a la malbouffe, bien sûr. Laurent Chevallier va au-delà. Il pointe les dangers des « emballages et des suremballages plastiques » des aliments, alors que les toxicologues mettent aujourd’hui en avant leur toxicité, « même à faibles doses ». Par exemple l’acrylamide, « une substance bien suspecte et emblématique », « qui se forme lors de la cuisson des aliments ». On en trouve dans les chips, les céréales, le café torréfié. « Il faut que le consommateur puisse accéder à des informations sur les taux d’acrylamide dans les aliments », insiste le nutritionniste. Autre cas inquiétant : le BHA (E 320), un additif alimentaire classé comme « peut-être cancérogène » pour l’homme d’après le centre international de recherche sur le cancer. Le BHA est présent dans « les chewing gums, les purées ». Enfin, les poêles anti-adhésives contiennent des composés perfluorés dont il faut se méfier.

Voici quelques conseils pratiques proposés dans " Mes ordonnances alimentaires ", du Dr Chevalier.

- Pour les yeux, se mettre au vert : La rétine et le cristallin ont besoin de protection. Avec quelles armes pour éviter la dégénérescence ? Il faut « avoir une alimentation riche en antioxydants », « concentrée en vitamine C, E, folates, carotène, lutéine et zéaxanthine », « riche en oméga 3 » que l’on trouve dans les poissons gras, les huiles de colza et de noix, les amandes et les noix.
Enfin, un apport régulier de « légumes à feuilles vertes, épinards, chou vert, les blettes, courges, brocolis et haricots verts » est recommandé. Sachant que les fruits et légumes doivent être consommés « en abondance », « au moins trois fruits et légumes par jour », une véritable hygiène de vie : « Il faut manger de nombreux fruits tout au long de la vie. » A savoir : les bénéfices d’une bonne alimentation reposent sur « la synergie des composés protecteurs présents dans l’alimentation », insiste Laurent Chevallier, très dubitatif sur l’intérêt des compléments alimentaires.

- Dépression : manger équilibré : 1 Français sur 5 sera touché par un épisode dépressif au cours de sa vie. « La principale des mesures à prendre est d’avoir une alimentation la plus équilibrée possible, à un moment où tout concourt à l’inverse », explique Laurent Chevallier, qui pointe les dangers des désordres alimentaires dans ces situations, qu’il s’agisse de perte d’appétit ou de fringales démesurées. D’abord, en matière de prévention, une étude du British Journal of Psychiatry « indique que les personnes consommant une alimentation industrielle et grasse augmenteraient leur risque » dépressif. Le régime méditerranéen serait en revanche protecteur. Pour se soigner, le nutritionniste donne quelques clés. Il faut : manger des légumes et des fruits secs, des céréales, du foie de volaille, des poissons gras, des œufs trois à cinq fois par semaine. A éviter : les conserves, les plats préparés industriels, les charcuteries. Enfin, quelques plantes ont montré leurs vertus : millepertuis, valériane, passiflore, aubépine… Sans oublier que la prise en charge doit être aussi médicale et passe par un thérapeute.

- La salade, pour le cœur : Chaque année en France, 100 000 personnes sont victimes d’un infarctus. En cause, l’inactivité et une alimentation inadaptée. Le docteur Chevallier pointe dix conseils pour s’en protéger :

1. Limiter les aliments les plus gras, charcuteries, beurre, fromages, viennoiseries…
2. Faire attention au sel. Une petite astuce : on peut le remplacer par des condiments ou des herbes aromatiques.
3. Assaisonner ses plats au curry.
4. Manger deux à trois fruits frais par jour et des légumes crus et cuits.
5. Ne pas consommer des produits avec sucre ajouté.
6. Consommer des poissons riches en oméga-3.
7. Veiller à absorber du calcium, du potassium, du magnésium.
8. Boire du vin, mais pas plus de deux verres par jour.
9. Manger du pain complet ou multicéréales, modérément : pas plus de trois tranches ou un quart de baguette.
10. Enfin, il faut manger tous les jours de la salade verte : laitue, romaine, mâche…