la neurostimulation à l'hôpital de Lyon

27 janvier 2010

La neurostimulation

Expérience à l'hôpital de Lyon (France)

La neurostimulation « inverse » le sens de la douleur

Le Dr Bui-Xan, (consultation de l'hôpital Edouard-Herriot), le Dr Valdelièvre (consultation des Charpennes) avec un neurostimulateur, et le Dr Pierre-Marie Gonnaud (consultation de Lyon sud) / S.M
Les HCL viennent de recevoir 88 neurostimulateurs, remis par l'association Hôpital 2000. Ces appareils permettent à des patients de «s'auto-gérer» dans la prise en charge de la douleur chronique

Pour ses 10 ans, l'association de lutte contre la douleur Hôpital 2000 aligne les comptes ronds : après la 1 000e pompe à morphine, c'est le 1 000e neurostimulateur qu'elle a remis hier aux Hospices civils de Lyon. Apparus il y a une dizaine d'années, ces petits boîtiers sont utilisés pour calmer les douleurs neuropathiques, c'est-à-dire résultant d'une lésion ou d'un dysfonctionnement du système nerveux (nerfs périphériques, moëlle épinière, cerveau), issus d'un traumatisme ou d'une maladie (sclérose en plaque, diabète, sida, cancer, névralgies, fibromyalgie…)

Equipé d'électrodes placées sur la peau, dans le sens du nerf, l'appareil « envoie une stimulation électrique sur les fibres du toucher. Il a un effet d'inhibition de la douleur », à raison de plusieurs séances quotidiennes de 30 à 60 minutes, explique le Dr Pierre-Marie Gonnaud, vice-président du comité de lutte contre la douleur des HCL. « Cette technique permet de s'auto-gérer. Les patients ne subissent plus. Ils deviennent actifs et cela ouvre la porte à plein d'autres choses », précise le responsable de la consultation douleur de l'hôpital Lyon sud. « C'est souvent un détonateur. Le moment où on introduit l'appareil inverse le cours des choses », ajoute le Dr Laurence Valdelièvre, de la consultation de l'hôpital des Charpennes, qui l'associe souvent avec des techniques comportementales comme la relaxation. Cela ne marche pas à tous les coups… « Certains patients ne sont pas répondeurs mais on le sait très vite », précise le Dr Bernard Bui-Xan, de la consultation de l'hôpital Edouard-Herriot. Mais la technique peut apporter un réel bien-être à ceux « qui ne pensent pas que la médecine se résume aux médicaments et à la chirurgie », expliquent les médecins, ceux qui ont déjà une certaine « maturité » vis-à-vis de leur douleur…

Pour Yvette Andreu, la neurostimulation est arrivée après 7 ans de souffrances due à une sciatique qui l'empêchait de marcher et de dormir. « Je loue un appareil depuis six mois. Au début, je l'utilisais 5-6 fois par jour. Je redors et je remarche : j'ai fait 56 kilomètres en 15 jours. C'est vraiment efficace. Je peux dire qu'on revit avec cet appareil », raconte cette septuagénaire de Villeurbanne. Elle n'a plus utilisé le neurostimulateur depuis 15 jours, « mais là, je vais le reprendre car je recommence à avoir mal », précise Yvette Andreu qui pense acheter un appareil quand la location s'achèvera (elle dure 6 mois). Cette patiente ne voulait plus entendre parler des antalgiques dont elle ne supportait plus les effets secondaires mais le plus souvent, le neurostimulateur ne se substitue pas aux médicaments. Il permet cependant d'en faire baisser la consommation car une fois que la patient a « apprivoisé » son appareil, il peut parvenir à anticiper une crise et parfois à l'éloigner.

Sylvie Montaron