LUTTE CONTRE LE VIH
Une équipe de chercheurs américains, associés à l'Initiative mondiale
pour un vaccin anti-Sida (IAVI), a découvert deux nouveaux anticorps
puissants qui pourraient permettre à terme de créer un vaccin contre le
virus du Sida. "Mais attention ils en sont encore au stade de la
recherche fondamentale", tempère Olivier Schwartz, chercheur sur le
virus du Sida à l'institut Pasteur. Les scientifiques américains ont
"réalisé un véritable tour de force méthodologique", commente-t-il, et
le jeu en vaut la chandelle.
Ces deux anticorps présenteraient des capacités très
étendues de neutralisation du virus de l'immunodéficience humaine
(VIH). Jusqu'à présent, les anticorps reconnaissaient le virus mais ne
le neutralisaient pas. Et pour cause, il ne cesse de muter. Pour mener
à bien leur étude, les chercheurs sont partis du sang et plus
particulièrement du sérum, soit le liquide sanguin débarrassé de ses
cellules et des protéines de la coagulation. Ils ont travaillé sur
celui de 1.800 volontaires dans une dizaine de pays, notamment en
Afrique subsaharienne, en Thaïlande, en Australie, en Grande-Bretagne
et aux États-Unis. Sur ces personnes, seulement 1 ou 2 anticorps
neutralisants se sont révélés très efficaces et bloquaient le virus.
Une fois isolés, il a fallu les identifier. Pour ce faire, l'équipe a
cloné des cellules B (des globules blancs), dans le but de savoir
lesquelles d'entre elles produisaient ces anticorps neutralisants. Il
s'agit donc des anticorps PG9 et PG16.
Mais encore fallait-il comprendre leur fonctionnement.
Il s'est avéré que ces derniers se fixaient sur l'enveloppe du virus
et, surtout, qu'ils reconnaissaient l'aspect global de l'enveloppe. Là
est tout l'intérêt de la découverte. "À présent nous pouvons mieux
comprendre les relations entre le système immunitaire (les anticorps)
et le virus", commente le chercheur de l'institut Pasteur. "C'est un
premier pas vers de nouveaux types de vaccins", ajoute-t-il.
"Il ne faudrait pas alimenter de faux espoirs"
La découverte est importante mais n'en reste pas moins très théorique :
elle n'a aucun retentissement à court terme sur les patients et la mise
au point d'un vaccin. "Il faut rester prudent", explique Franck
Barbier, le responsable santé de l'association AIDES, "il ne faudrait
pas alimenter de faux espoirs". Car ces résultats, certes positifs,
relèvent de données de laboratoire in vitro et non in vivo, aucun test
n'a été effectué chez l'homme. Mais il ne s'agirait pas non plus d'être
défaitiste. "Cette découverte est le reflet d'une recherche qui n'est
pas finie, et ça, c'est bon signe !" souligne Franck Barbier. La
prochaine étape pour les chercheurs : trouver le moyen d'induire ces
anticorps chez l'homme et celui de les faire produire par l'organisme
...
Source