Fibrodysplasie ossifiante progressive
Fibrodysplasie ossifiante
progressive
Autres appellations :
myosite ossifiante progressive, maladie de Münchmeyer, maladie de l'homme de
pierre, FOP
Qu'est-ce que la fibrodysplasie ossifiante progressive
?
La fibrodysplasie ossifiante progressive (FOP), plus communément
appelée maladie de l’Homme de Pierre ou myosite ossifiante, se caractérise par
la survenue, dès l’enfance, d’épisodes d’ossification dans les muscles, tendons,
et ligaments, conduisant à terme à une ankylose progressive et très invalidante.
Les patients se voient enfermés dans un « deuxième squelette ». A cela s’ajoute
une anomalie au niveau du gros orteil et plus rarement une anomalie
constitutionnelle des pouces.
Il s’agit d’une maladie extrêmement rare,
puisqu’elle touche 1 personne sur 2 millions en moyenne. On estime à 2 500
environ les personnes atteintes dans le monde, 600 d’entre elles ayant été
recensées par le biais du consortium international. En France, 58 malades sont
connus et répertoriés à ce jour.
Comment se manifeste-t-elle ?
La
fibrodysplasie ossifiante progressive débute habituellement dans l'enfance. Elle
se manifeste par des accès (poussées) de douleur et de gonflement musculaires se
terminant par une ''transformation'' du muscle en os (ossification). Ceci débute
dans les muscles du cou et du dos.
Les masses musculaires ossifiées
entraînent des limitations articulaires et des déformations.
Des
malformations congénitales des orteils et/ou du pouce sont présentes
(microdactylie, hallux valgus).
Comment évolue-t-elle
?
L'évolution de la FOP à titre individuel est imprévisible : les
poussées se succèdent à intervalles variables. Elles peuvent apparaître
spontanément ; très souvent, elles surviennent après un traumatisme, même
minime.
La fibrodysplasie ossifiante progressive est une maladie progressive
: les ossifications finissent par toucher la majorité des muscles à l'exception
du muscle cardiaque. L'atteinte des muscles de la cage thoracique et des muscles
masticateurs est particulièrement délétère.
Dans les formes les plus graves,
elle est très invalidante puisqu'elle entraîne des enraidissements articulaires
multiples qui limitent la plupart des gestes de la vie courante.
Comment
fait-on le diagnostic ?
Habituellement, l’histoire clinique est
suffisamment évocatrice pour faire le diagnostic. L’anomalie du gros orteil est
également un indice important. Malgré cela, les erreurs diagnostiques sont
nombreuses et parfois catastrophiques (tumeur osseuse maligne conduisant à une
amputation ou à une chimiothérapie anti-cancéreuse, etc.).
Que peut-on
faire?
La meilleure option thérapeutique reste la prévention : éviter
tout traumatisme, même minime du muscle. Les gestes chirurgicaux (y compris une
biopsie musculaire) et les injections intra-musculaires (les vaccins doivent
être administrés par voie sous-cutanée), sont autant de gestes à éviter.
La
kinésithérapie doit rester douce et non traumatisante.
Des médicaments
pharmacologiques classiques (corticoïdes et biphosphonates au moment des
poussées), l'utilisation du froid (cryothérapie) ou parfois de la chaleur douce
peuvent soulager les douleurs des poussées.
À quoi est-elle due et où en
est la recherche ?
En 2006, un consortium international dirigé par
Frederick Kaplan et Eileen Shore (Hôpital universitaire de Pennsylvanie,
Philadelphie - USA), en collaboration avec les médecins français Martine Le
Merrer (Unité Inserm 393 « handicaps génétiques de l’enfant », Hôpital Necker
Enfants Malades - AP-HP, Paris) et J. Andoni Urtizberea (Hôpital Marin d’Hendaye
- AP-HP, et ENMC, Pays-Bas), a identifié le gène responsable de la
fibrodysplasie ossifiante progressive (FOP), plus communément appelée maladie de
l’Homme de Pierre.
Une première étape avait consisté en la mise en commun des
rares cas familiaux recensés et la localisation, en janvier 2000, du chromosome
en cause. La recherche d’un défaut génétique dans cette région (chromosome 4)
s’est par la suite avérée infructueuse. Une approche par gène candidat a permis
ensuite de démontrer que le gène en cause était l’ACVR1 (pour activin receptor
type IA). Ce gène est l’un des récepteurs des protéines osseuses
morphogénétiques (les BMP) lesquelles constituent une famille de facteurs de
croissance jouant un rôle crucial dans la formation osseuse. L’ACVR1 est une
protéine de 509 acides aminés qui jouerait donc un rôle important dans la
régulation du développement et du modelage osseux.
La mutation retrouvée dans
le gène ACVR1 est identique chez tous les patients impliqués dans l’étude, qu’il
agisse de cas sporadiques, de très loin les plus nombreux, ou des quelques cas
familiaux, chez qui la transmission est autosomique dominante.
La découverte
du gène de cette maladie, tant attendue par les malades et leurs familles mais
aussi par la communauté scientifique, apporte l’espoir de développer des
thérapies pour cette maladie incurable. Un modèle animal reproduisant la même
mutation est en cours de développement et des études physiologiques sont
conduites pour mieux cerner le rôle et la fonction précise de ce récepteur.
L’exploration de cette nouvelle anomalie dans le métabolisme osseux ouvrira
aussi des perspectives pour des maladies plus communes comme l’ostéoporose ou la
pseudarthrose, et de façon générale, pour les affections où les processus de
formation osseuse sont mis en jeu.
En France, des analyses moléculaires de
prélèvements issus de nombreux malades sont en cours. Pour d’autres, le test
génétique sera prochainement mis en place à l’Hôpital Necker – enfants malades
(AP-HP) dans le cadre du Centre de Référence pour les Maladies Osseuses
Constitutionnelles coordonné par Martine Le Merrer.
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