La France en panne de donneurs de moelle
L’Agence de la biomédecine recherche 100 000 volontaires pour
élargir la palette des types de cellules souches destinées à traiter
les patients leucémiques.
Alors que la France était pionnière dans le domaine des greffes de moelle osseuse dans les années 1980, l’état actuel du fichier de donneurs est très inférieur aux besoins : il y a 150 000 volontaires inscrits seulement. Or il en faudrait 100 000 de plus. C’est la raison pour laquelle l’Agence de la biomédecine se mobilise pour qu’un nombre plus important de nos concitoyens s’inscrivent sur le Registre national des donneurs volontaires (1).
Pour les jeunes malades atteints de leucémies et de graves maladies du sang (lymphomes, myélomes), la greffe est en effet le traitement de la dernière chance qui leur apporte les précieuses cellules souches nécessaires à la formation de nouvelles cellules sanguines. À l’heure actuelle, 1 200 interventions de ce type sont réalisées chaque année, dont la moitié à partir de donneurs apparentés (frères et sœurs) l’autre moitié à partir de volontaires qui partagent une compatibilité tissulaire très proche. Ceux-ci font partie du fichier national ou des 56 registres étrangers qui regroupent en tout près de 11 millions de donneurs potentiels. Mais 1 800 malades en France sont toujours sur liste d’attente. Les 900 qui sont atteints de leucémie aiguë ont un besoin de moelle extrêmement urgent.
Comme le dit Emmanuelle, victime d’une leucémie à l’âge de 26 ans et sauvée grâce à un donneur anglais, «je pense souvent à cette personne. Décider de devenir donneur de moelle osseuse est un engagement lourd et une décision difficile à prendre, mais, pour moi, ce geste représente le plus beau cadeau de la vie». Mais cela passe par un certain nombre de procédures et un engagement à long terme. Après s’être proposée comme donneuse, la personne, qui doit être en bonne santé, avoir entre 18 et 50 ans et ne prendre aucun traitement médical, se présente au centre d’accueil le plus proche de son domicile.
Après
une prise de sang destinée à déterminer sa carte d’identité tissulaire
(typage HLA), elle s’engage à accepter, en cas de besoin (une
éventualité sur mille) un prélèvement de moelle osseuse. Il se fera à
l’hôpital au niveau des deux os du bassin sous anesthésie générale. Un
donneur ne sera sollicité que pour un seul patient, à la suite de quoi
il sera rayé du fichier.
Il faut bien comprendre
qu’il n’existe qu’une chance sur un million pour que deux personnes
aient un groupe tissulaire compatible. C’est dire la nécessité
d’augmenter le nombre de volontaires inscrits. Grâce à la campagne
précédente, menée l’an dernier, plus de 40 % des nouveaux donneurs
inscrits ont apporté des «cartes d’identité tissulaires» encore non
représentées dans le registre.
Un réel message d’espoir.