Les violences conjugales coûtent chaque année à l'État un milliard d'euros
En 2006, une femme est morte tous les trois jours dans l'intimité conjugale, a aussi annoncé hier le ministre délégué à la Cohésion sociale et à la Parité.
L'IMPACT
économique des violences dans le couple n'avait jamais été mesuré. Pour
la première fois, deux chercheurs du Centre de recherches économiques,
sociologiques et de gestion (CRESGE) viennent de remettre une
estimation financière au ministère de la Cohésion sociale et de la
Parité : les violences conjugales coûtent chaque année environ un
milliard d'euros à l'État.
Pour en arriver à ce résultat, les auteurs de l'étude ont évalué à plus
de 380 millions d'euros les coûts médicaux - hospitalisations pour
fractures, problèmes pendant la grossesse ou consommation de
psychotropes. Ils ont ajouté à ces frais le prix du traitement policier
et judiciaire des affaires (232 millions) et celui de la prise en
charge des victimes par l'État. Le « coût humain » des violences
conjugales - décès évitables, handicaps à la naissance - a enfin été
estimé à 305 millions d'euros environ.
«Il ne s'agit que d'une estimation a minima », précisent les
économistes, qui n'ont pas mesuré le coût des violences psychologiques.
Une évaluation plus précise, attendue l'an prochain, permettra, selon
le ministère, de « mieux allouer les crédits destinés à la prévention
».
En 2006, une femme est tombée tous les trois jours sous les coups de
son compagnon, a par ailleurs annoncé Catherine Vautrin, ministre
délégué à la Cohésion sociale et à la Parité. Au tota, 113 meurtres (94
femmes et 19 hommes) ont été commis dans l'intimité conjugale, selon
les données recueillies par les services de police et de gendarmerie au
cours des neuf premiers mois de l'année.
Dix enfants tués en 2006
Ce résultat demeure moins élevé que les chiffres fournis par
l'Observatoire national de la délinquance, qui a conclu, au terme d'un
calcul méthodologique différent, à une mort tous les deux jours en
2006.
L'étude livrée hier révèle que trois morts, parmi les 113, ont été
recensées dans des couples homosexuels. Mais aussi que la violence
conjugale fait d'autres victimes dans le cercle familial : dix enfants
ont été tués en 2006 et 26 adultes se sont suicidés après avoir commis
leur meurtre. Dans 47 cas, le couple était séparé ou en voie de
rupture.
« C'est un fléau qui touche tous les milieux », a aussi noté le
ministre hier, avant d'annoncer de nouvelles mesures pour 2007 : numéro
d'appel unique et accès au logement social facilité pour les victimes
de violences, renforcement de la lutte contre la récidive pour les
auteurs.
Dix courts-métrages, réalisés par Zabou Breitman, Emmanuelle Millet,
Coline Serreau ou Patrice Leconte, seront diffusés sur les chaînes de
télévision et au cinéma à partir du 25 novembre, date de la Journée
internationale contre les violences faites aux femmes.
Catherine Vautrin espère surtout, a-t-elle expliqué hier, faire des violences conjugales la « grande cause nationale » de 2008.
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