Fibromyalgie
Introduction
La fibromyalgie qui touche environ 2 à 2,5 pour 100 de la population mondiale (ce qui fait un million et demi de français concernés) est une maladie, on dit un syndrome (ensemble des symptômes), se caractérisant par l'association de douleurs chroniques qui diffusent dans l'ensemble de l'organisme, mobiles et dont le profil est variable selon les individus mais qui prédominent essentiellement dans l'axe du corps. Ces douleurs sont également présentes au niveau des racines des membres (on parle de douleurs rhizoméliques) et concernent avant tout les insertions des tendons des muscles sur les os. Une autre caractéristique importante à retenir est l'absence d'un syndrome inflammatoire biologique. Ceci signifie qu'aucun examens biologiques, aucune analyse de sang ne montrent d'inflammation à quelque niveau que ce soit de l'organisme. D'autre part, toujours en ce qui concerne les examens de laboratoire, aucunes analyses que celles-ci soient faites dans le sang, dans les urines, dans le liquide céphalo-rachidien ou ailleurs dans l'organisme, ne montrent quoi que ce soit d'anormal. Les principaux symptômes dont se plaignent les individus atteints de fibromyalgie, en dehors de la douleur, sont un sommeil perturbé, des paresthésies des membres supérieurs (fourmillements), des perturbations psychiques importantes à type de dépression essentiellement, des douleur à la pression (légère) de certaines zones précises du corps (point de Janus), une impression de crispation des mains et une fatigue générale intense, entre autres . L'ensemble de ces symptômes sont développés plus loin.
Généralités
Cette pathologie
essentiellement féminine (environ 80 % des cas), de survenue tardive
(après 50 ans) mais dont il existe des cas avant 35 ans, amène à
consulter de plus en plus fréquemment dans certains cabinets médicaux
spécialisés (médecine générale, rhumatologie, ostéopathie, neurologie).
Les individus atteints de fibromyalgie sont moins nombreux à partir de
70 ans. Cette affection consiste en des douleurs musculaires associées
à des troubles du sommeil, une fatigue et un ralentissement des
activités quotidiennes professionnelles ou autres.
De façon
générale, le patient atteint de fibromyalgie ressent un malaise se
caractérisant par une douleur généralisée associée à une importante
fatigue, plus précisément un surcroît de fatigue. D'autre part,
certaines zones de son corps sont plus sensibles au toucher que
d'autres ce qui l'empêche d'accomplir les tâches inhérentes au
quotidien, aggravant du même coup son état psychologique. Les
répercussions immédiates de la fibromyalgie semblent être avant tout
l'incapacité pour le patient de récupérer la nuit, aggravant de ce fait
le processus asthénique (de la fatigue). Des enquête médicales
effectuées en 2003-2004 tendent à prouver le lien entre la fibromyalgie
et un sommeil insuffisamment récupérateur.
La fibromyalgie est
au centre d'une polémique actuellement, tout du moins en France,
concernant globalement les patients et de plus en plus le corps
médical. En effet, de plus en plus les patients présentant ce type de
syndrome se sentent délaissés par le corps médical qui donne
l'impression de ne pas s'intéresser à eux. Le patient, dans un premier
temps, ne sait à quel type de spécialiste il doit s'adresser. Est-ce un
rhumatologue (spécialiste des maladies concernant les articulations),
un neurologue (spécialiste concernant le système nerveux), un gériatrie
(spécialiste des patients âgés), un psychologue (spécialiste des
maladies psychologiques), un psychiatre (spécialiste des maladies
neuro- psychologiques), ou tout simplement un généraliste. La deuxième
problématique est la formation (insuffisante pour ne pas dire
inexistante) du corps médical concernant cette affection inclassable
(pour l'instant). Chaque spécialiste semble se renvoyer la balle, pour
ne pas dire le patient qui lui, bien entendu, se sent abandonné (ce qui
n'arrange pas son état de santé). La troisième problématique concernant
la fibromyalgie est l'absence de résultats objectifs, vue du côté
médical, en ce qui concerne les analyses biologiques. Ce qui semble
faire de cette affection une maladie quasi imaginaire de la part du
patient, du moins c'est l'impression qu'ont les médecins qui sont
amenés à être consultés par des personnes cataloguées fibromyalgique.
Longtemps,
la fibromyalgie a été considérée comme une affection proche, ou en tout
cas ayant des points communs avec le syndrome de la fatigue chronique.
Cette affection reconnue par l'OMS depuis 1992 et qui figure dans la
liste de ICO-10 rhumatisme non spécifié, est quelquefois confondue avec
d'autres affections concernant, de façon globale, le muscle et le
squelette.
Epidémiologie
La
fibromyalgie appelée aussi fibrosite, polyenthésopathie, syndrome
polyalgique est une maladie qui est généralement controversée et passe
pour une pathologie psychosomatique. C'est la raison pour laquelle elle
a et elle est encore longtemps négligée par le corps médical. Il faut
néanmoins savoir qu'elle fait l'objet de recherches de plus en plus
poussées de façon à essayer de trouver sa cause et sa physiopathologie
(mécanisme de survenue d'une maladie). Enfin sa définition ne cesse de
changer et d'évoluer.
Cette affection qui touche essentiellement la femme concerne rarement les individus avant 35 ans.
Historique
Hench propose en 1976 le terme de fibromyalgie.
Physiopathologie
De
nombreuses pistes sont explorées pour essayer de comprendre le
mécanisme de survenue de la fibromyalgie. Nous allons en exposer
quelques-unes.
Au cours de cette affection, contrairement à ce
que les médecins pensaient il y a encore quelques années, la
fibromyalgie semble être le résultat d'une atteinte des muscles et non
pas des articulations ou d'autres structures de l'organisme (tendon,
ligaments, capsule articulaire, synoviale). En effet, les équipes
médicales spécialisées ont remarqué que les patients, présentant une
fibromyalgie, avaient une perturbation de leur sommeil et plus
précisément de la phase numéro 4 du sommeil. Cette phase est une face
de relaxation au cours de laquelle normalement, les muscles doivent se
détendre. Cette insuffisance voire absence de relaxation semble
participer au processus fibromyalgique au cours duquel les muscles ne
se détendent pas ou insuffisamment, aggravant le tableau symptomatique
(les symptômes que présente le patient et plus particulièrement les
douleurs) .C'est sans doute la raison pour laquelle l'utilisation de
certains antidépresseurs et plus particulièrement ceux intervenant sur
la normalisation du rythme du sommeil sont quelquefois efficaces.
Selon
Moldofsky, les individus souffrant de fibromyalgie présentent un
sommeil fragmenté autrement dit un sommeil perturbé part de nombreux
petit réveille que les spécialistes en hypnologie appellent des
micro-éveils. Pour ce spécialiste canadien en psychiatrie les douleurs
survenant au cours de la fibromyalgie sont le résultat de cette
perturbation du sommeil et non pas le contraire. Autrement dit ce n'est
pas le sommeil, toujours d'après lui, qui entraînerait l'apparition des
douleurs que l'on constate au cours de la fibromyalgie. Il est possible
d'avancer, sans trop s emouiller, qu'il existe une corrélation étroite
entre les capacités de régulation de la douleur (qui sont faites au
niveau de l'hypothalamus) et leur survenue au cours de cette affection,
suite à un sommeil réparateur. Une expérimentation intéressante a été
faite à ce sujet. On a réussi, chez des individus normaux, à faire
apparaître des symptômes de la fibromyalgie en perturbant leur sommeil
en les réveillant plusieurs fois dans la nuit. Au contraire, toujours
expérimentalement, on a réussi à réduire les symptômes des individus
fibromyalgie que en induisant chez eux un sommeil artificiel profond.
Chez ce patient on a remarqué d'autre part que leurs douleurs
diminuaient d'intensité.
Probablement pas d'origine génétique,
mal connue, la fibromyalgie semble s'expliquer par le fonctionnement
inadapté des neurotransmetteurs (neuromédiateur permettant le passage
de l'influx nerveux entre les neurones et des neurones, aux
muscles).Les examens de laboratoire pratiqués sur certaines patientes
ont montré une diminution de la sécrétion de somathormone et une
perturbation de la glycolyse (utilisation du sucre par l'organisme et
plus particulièrement les muscles). La somathormone (appelée également
hormone somatotrope, somatotrophine, GH, hormone de croissance) est
sécrétée par le lobe antérieur de l'hypophyse (glande située au centre
du cerveau au-dessous de l'hypothalamus) et permet de stimuler la
croissance. La somathormone règle également l'état et l'équilibre
nutritionnel de l'individu et est anabolisante (reconstruction des
tissus de l'organisme) agissant sur les protéines, le calcium, les
glucides et les lipides. Son action se fait parallèlement à celle de la
somatomédine.La somatomédine est une hormone dont la composition est
proche d'une autre hormone à l'origine de l'insuline : la pro-insuline.
La somatomédine, sécrétée par le foie et les reins est transportée dans
le sang en liaison avec des protéines. C'est en fait le principal
médiateur de l'hormone de croissance sous l'influence de l'hypophyse.
C'est la raison pour laquelle on parle de médiateur hormonal plutôt que
d'hormone proprement dite. Elle permet la fabrication des protéines, du
tissu osseux, du collagène (protéine de base entrant dans la
constitution de la majeure partie du tissu) et de stimuler la synthèse
de l'acide désoxyribonucléique (ADN). En effet, l'hormone de croissance
a une sécrétion très fluctuante et la sécrétion de somatomédine (et
plus particulièrement de somatomédine C) est plus constante. On
constate quelquefois un déficit de sécrétion en somatomédine consécutif
à celui de l'hormone de croissance. La régulation de l'hormone
somatotrope se fait par l'intermédiaire d'autres hormones d'origine
nerveuse (neuro-hormone) provenant de l'hypothalamus qui la stimulent
(GH-RH), la freinent ou l'inhibent (somatostatine). Le taux normal de
l'hormone somatotrope est, chez l'adulte, inférieure à 5 microgrammes
par litre. Ce dosage s'effectue par le test d'Evans.
Une
anomalie du contrôle central de la douleur pourrait expliquer la
fibromyalgie. Certains neuromédiateurs tels que la sérotonine sont
accusés d'être des médiateurs de la fibromyalgie. Pour comprendre il
nécessaire de savoir ce qu'est un neuromédiateur. Il s'agit d'une
substance chimique (appelée également neurotransmetteur), fabriquée par
l’organisme et permettant aux cellules nerveuses (neurones) de
transmettre l’influx nerveux (message), entre elles ou entre un neurone
et une autre variété de cellules de l’organisme (muscles, glandes). Les
neuromédiateurs constituent le langage du système nerveux, permettant à
chaque neurone de communiquer avec les autres. C’est de cette façon que
se fait le traitement de l’information : les messages passent à travers
les cellules possédant la capacité de fabriquer ces substances dans
l’organisme. La colère, la faim, le sommeil, mais également la pensée,
la réflexion sont les résultats de l’action de ces molécules de
communication. Dans l'ensemble les individus atteints de fibromyalgie
semble percevoir la douleur de façon différente des autres. Il semble
s'agir d'une perturbation du seuil de perception de la douleur.Des
expérimentations ont été faites en explorant, par dolorimétrie la
perception de la douleur. Celles-ci ont montré des anomalies
quantitatives et qualitatives de la réponse aux stimuli douloureux (au
fait de causer une douleur).
La diminution du seuil de
perception de la douleur est un phénomène généralisé dans la FM,
n'affectant pas seulement les zones douloureuses à la pression.
L'exploration par dolorimétrie (dosage de la douleur) a montré des
anomalies quantitatives et aussi qualitatives de la réponse aux stimuli
douloureux. Les équipes médicales concernés par la recherche sur la
fibromyalgie estiment que les individus souffrant de cette affection,
présentent un état d'allodynie généralisée. Autrement dit, chez qu'une
personne ressent anormalement, trop intensément, une douleur à la suite
d'un stimulus à la (excitation) thermique (par application de chaleur)
ou électrique (par application d'une petite décharges électrique). non
seulement les patients la ressentent de de façon intense mais aussi ce
stimuli entraînent une douleur. c'est la raison pour laquelle les
équipes médicales concernées estiment qu'il existe une perturbation de
l'interprétation de la douleur par le système nerveux central. On parle
pour cette raison de mauvaises intégration des stimuli nociceptifs. Le
terme nociceptif désigne tout ce qui est en relation ce qui capte les
excitations douloureuses. Ce phénomène serait le résultat un d'un
dysfonctionnement (mauvais fonctionnement) de certaines zones du
cerveau et plus particulièrement du thalamus et du noyau codé qui sont
des noyaux gris centraux de l'encéphale (partie du système nerveux
compris dans le crâne). Une des raisons de ce dysfonctionnement serait
une mauvaise vascularisation (perturbation de l'arrivée du sang, voir
de son retour) de ces zones. tout ceci a été mis en évidence par des
examens complémentaires médicaux tels que les techniques de débitmétrie
cérébrale (single photon emission tomography (SPECT( et d'imagerie par
résonance magnétique (IRM) fonctionnelle.
Revenons à la sérotonine
et profitons en pour parler également d'un autre neuromédiateur, mis en
cause récemment au cours de la fibromyalgie, il s'agit de la substance
P. Ces deux médiateurs interviennent dans les mécanismes de nociception
(perception de la douleur) et d'antinociception (contrôle de la douleur
par les substances antidouleures sécrétées par l'organisme tel que les
endorphines entre autres). Les prélèvements effectués ont montré que le
taux de substances P est plus concentré dans le liquide
céphalo-rachidien alors que le taux de sérotonine et les substances
équivalentes été diminué. D'autres substances ont également été
étudiéesil s'agit entre autres de la dynorphine A, le calcitonine
gene-related peptide ou le nerve growth factor. Le liquide
céphalo-rachidien, appelé également LCR, a un aspect très clair
qualifié d'eau de roche entoure tout le système nerveux central et qui
remplit en plus les cavités ventriculaires de l'encéphale autrement dit
les ventricules cérébraux.
La recherche d'un foyer inflammatoire
chronique est utile. Il peut s'agir d'un affection d'une dent, d'un
sinus, d'un intestin, d'une pathologie gynécologique, entre autres.
Symptômes
La
première plainte d'un individu atteint de fibromyalgie et la douleur.
Il s'agit soit de douleurs diffuses soit de douleurs localisées. En cas
de douleurs diffuses celles-ci se situent globalement dans l'axe du
corps c'est-à-dire qu'elles elles concernent les régions du cou, des
lombes (bas du dos) et des fesses. Les douleurs localisées se situent
au niveau du rachis (colonne vertébrale) essentiellement.
Une
caractéristique importante à retenir à propos des douleurs dont se
plaignent les fibromyalgies est la majoration de celles-ci par le
froid, l'anxiété, le stress, ou encore la fatigue. Cette fatigue touche
essentiellement les muscles et donne l'impression d'une sensation de
noeud ou de brûlure.
Les patients se plaignent également d'une
sensation de gonflement dont la localisation est variée selon les
individus. À cela s'ajoutent d'autres symptômes moins fréquents que les
précédents. Il s'agit d'une impression de fourmillements
(paresthésies), de chaleur ou au contraire de froid concernant la peau,
s'associant à une perturbation de la coloration cutanée (ce que l'on
appelle des troubles vasomoteurs).
Plus précisément les patients atteints de fibromyalgie décrivent :
- Des douleurs durant depuis plusieurs mois en trois endroits différents au moins. La moindre douleur est insupportable, intolérable. Elles ressemblent à des brûlures mais ne touchent pas les mains et les pieds et se situent au niveau du cou, en dessous du crâne (entraînant des céphalées : maux de tête), en arrière, au niveau des épaules (pour les spécialistes à l'insertion du sus épineux et du trapèze), au niveau des coudes (zone épicondylienne) et au niveau du grand trochanter (apophyse, zone de la partie supérieure du fémur, os unique de la cuisse).
- Les patients, au cours de cette affection, se plaignent souvent d'une sensation de fatigue intense, fatigue concernant les muscles dans la majorité des cas. Ceci explique que l'individu atteints de fibromyalgie présente un handicap fonctionnelle souvent en inadéquation avec une activité professionnelle. À ce sujet de nombreux patients se plaignent de ne pas être compris ou au minimum entendu par les médecins inspecteurs et contrôleurs de la sécurité sociale qui semble ne pas prendre en considération leurs dossiers cliniques. Le médecin généraliste du patient, dans ce cas, a un rôle particulièrement important à jouer. En effet, il se doit tout d'abord d'élaborer un dossier clinique (le dossier du patient) le plus complet et le plus précis possible. Ensuite, si nécessaire, le médecin doit accompagner sa patiente (le plus souvent) de façon à rapporter le maximum d'explications pragmatiques en ce qui concerne l'impossibilité, pour un individu atteint de fibromyalgie, d'exercer sa profession. Cette incapacité fonctionnelle a été mesurée par le HAQ, autrement dit Health Assessment Questionnaire functional disability index. Il est intéressant et nécessaire de savoir que les symptômes, présentés par un patient dans ce cadre de figure, sont aussi handicapants que ceux de la polyarthrite rhumatoïde.
- Les troubles du sommeil sont fréquemment décrits (quasi-totalité des patients). Le sommeil apparaît léger, fragmenté et le patient se lève fatigué après un réveil difficile. Il est quelquefois possible de rencontrer, en plus du syndrome fibromyalgique, un syndrome d'apnée du sommeil, susceptible de s'accompagner d'assoupissement, de demi-sommeil durant la journée. Il s'agit d' anomalies du sommeil en termes de qualité pouvant expliquer la survenue de certain symptômes tels que la fatigue générale, la pression de stress, les douleurs des muscles etc. Les examens polysomnographiques ne mettent pas toujours en évidence des modifications du sommeil (anomalies architecturales du sommeil). C'est la raison pour laquelle on ne peut pas compter sur ces examens complémentaires pour préciser le diagnostic de fibromyalgie.
- Le syndrome du côlon irritable fait également partie du tableau clinique du patient fibromyalgique. En effet, un tiers des individus sont atteints de syndrome du côlon irritable. Ce syndrome que l'on explique pas pour l'instant au cours de cette pathologie, pourrait trouver une explication dans le phénomène suivant. On a remarqué, chez les patients atteints de fibromyalgie un taux de sérotonine inférieur aux autres personnes. La sérotonine est un neuromédiateur qui est donc, de ce fait, particulièrement incriminé dans la fibromyalgie. Il semble exister au cours de cette affection une relation étroite entre les troubles digestifs concernant le colon (gros intestin) et les perturbations neurologiques, plus précisément psychose neurologique rencontrées dans la fibromyalgie. Neuromédiateur, appelé également neurotransmetteur (substance transmettant l’influx nerveux entre les neurones et entre un neurone et un muscle), la sérotonine a une constitution chimique de type aminé. Cela signifie que cette substance est dérivée d’un acide aminé (élément de base constitutif des protéines) le tryptophane (acide aminé essentiel fourni par l’alimentation et participant à la constitution des protéines de l’organisme). La sérotonine est synthétisée par les cellules de l’intestin mais on la retrouve dans la plupart des tissus de l’organisme. La sérotonine participe à de nombreux mécanismes. Elle agit sur les processus nerveux et vasculaires et sur la contraction des muscles lisses (muscles de la plupart des viscères et des artères possédant des contractions automatiques, à la différence des muscles striés du squelette permettant les mouvements volontaires). La sérotonine est transportée par les plaquettes sanguines, puis stockée dans la plupart des tissus où elle transmet des informations du système nerveux central (cerveau et moelle épinière).
Les douleurs des tendons et des muscles à la
pression sont au centre du diagnostic de fibromyalgie. Les zones
douloureuses sont (entre autres) les suivantes (d'après l'ACR :
American Collège of Rheumatology). En commençant par le haut du corps :
l'arrière du crâne (occiput), les dernières vertèbres cervicales
(cinquième, sixième et septième cervicales), les coudes, le trapèze, le
supra épineux, la deuxième côte, le grand trochanter (hanche), le genou
(voir examen physique).
- Le terme dysautonomie signifie : fonctionnement anormal
du système nerveux autonome. La dysautonomie fait partie du syndrome
fibromyalgie. De quoi s'agit-il ? La dysautonomie correspond à un
trouble du passage de l'excitation nerveuse au niveau du nerf vague
(appelé également nerf pneumogastrique). Ce nerf permet la transmission
des sensations et des ordres aboutissant aux muscles à l'origine des
mouvements du pharynx, de l'estomac, du larynx, du cœur, du foie et des
intestins. Ceci aboutit à l'amphotonie, qui est un excès de tonicité
portant sur les deux systèmes : le nerf sympathiques et nerf vague.
L’hypoamphotonie correspond à une hypotonie (diminution du tonus
normal) de ces deux systèmes. La sympathicotonie correspond à une
tonicité accrue au niveau des organes innervés par le système
sympathique. La vagotonie correspond à un excès de tonicité des organes
innervés par le nerf vague ou pneumogastrique. En pratique,
c'est-à-dire au cours de la consultation médicale et plus précisément
de l'examen physique du patient, on constate la présence d'anomalies de
la circulation cutanée, plus précisément de la microcirculation (petits
vaisseaux sanguins) de la peau. Ces perturbations se caractérisent par
une modification de la vasoconstriction. La vasoconstriction est la
possibilité pour un vaisseau de se contracter au contraire de se
dilater. Au cours de la fibromyalgie ce mécanisme est perturbé. Les
patients présentent plutôt une vasoconstriction (diminution du calibre
des vaisseaux) qu'une vasodilatation (ouverture du calibre des
vaisseaux). Ce phénomène est susceptible d'expliquer la sensibilité
accrue des points caractéristiques (points de Yunus) de la
fibromyalgie. L'hypotension orthostatique c'est-à-dire le fait que le
patient présente une chute de sa tension artérielle la position
allongée la position debout par exemple, est également significatif de
la perturbation du fonctionnement de son système nerveux autonome. Une
accélération de son rythme cardiaque durant le sommeil (normalement se
rythme doit diminuer durant le repos nocturne)traduit également une
perturbation des systèmes de régulation neurologique de son organisme.
Enfin, une période de stress, paradoxalement le rythme cardiaque du
patient fibromyalgique diminue alors qu'il augmente chez un patient ne
présentant aucune affection du système nerveux autonome.
- Les patients se plaignent également de ce que les
spécialistes en neurologie et en psychologie-psychiatrie appellent des
troubles cognitifs. Il s'agit avant tout de troubles de la mémoire et
pour certains patients des perturbations du traitement, plus
précisément de la vitesse de traitement, des informations qui leur
arrivent. Autrement dit, les patients mettent un certain délai pour
comprendre ce qui leur est dit. Mais ceci n'est pas vrai pour tous les
malades atteints de fibromyalgie. Les chercheurs ont remarqué qu'il
existait une corrélation entre l'intensité de la douleur, l'anxiété,
les anomalies du sommeil.
- Des paresthésies : il s'agit d'un trouble de la sensibilité, désagréable et non douloureux, donnant l'impression de palper du coton, et pouvant s'accompagner d'une anesthésie (disparition plus ou moins importante de la sensibilité). Le terme habituellement employé est fourmillement.
- Environ un peu moins de la moitié des patients présente
une dépression importante (chiffre supérieur à la population générale).
Il est impossible de savoir, pour l'instant, si celle-ci est la cause
de la fibromyalgie ou sa conséquence. Le plus souvent des antécédents
de dépression sont retrouvées. Il semble que sa dépression soit les
conséquences de la fibromyalgie. En effet, étant donné l'états
d'isolement social dans lequel se trouvent les patients il semble
compréhensible qui souffre d'un syndrome dépressif. Certains examens de
laboratoire, permettent de dire avec quasi-certitudeque que la
dépression (au cours de la fibromyalgie) n'est pas organique mais sans
doute secondaire. En effet, au cours de la dépression «classique»
certains dosages comme par exemple celui du cortisol dans les urines,
sont perturbés. Au cours de la fibromyalgie le dosage du cortisol et
d'autre test (test à la dexaméthasone) sont normaux.
Examen Physique
Les
critères qui permettent de poser le diagnostic de fibromyalgie ont été
élaborés et validés en 1990 par le Collège américain de rhumatologie
(ACR).
L'examen clinique consiste à palper le patient, et plus
exactement à effectuer une pression à l'aide d'un doigt sur certains
points de l'organisme dont la localisation est bien précise. Ces zones
portent le nom de points de Yunus. Cette pression ne doit pas dépasser
4 kg par centimètre carré. Les zones du corps (points douloureux
correspondent aux assertions ont des tendons des muscles sur les os) où
doit s'exercer la pression du pouce de l'examinateur sont les suivantes
:
Localisation des points douloureux au cours de la
fibromyalgie. La pression exercée sur ces zones doit être d'environ
quatre kilos (correspondant au blanchiment de la partie située en
dessous de l'ongle du doigt de l'examinateur).
Il s' agit de 9 régions bilatérales du corps :
- Occiput à l'insertion des muscles sous occipitaux (base du crâne).
- Bord supérieur du muscle trapèze.
- Zone située entre la cinquième et sixième côte (en avant).
- Omoplate (bord interne).
- Articulation entre la deuxième côte et le sternum.
- Coude.
- Fesse (partie supérieure et externe de la fesse).
- Hanche (trochanter).
- Intérieur du genou.
Le nombre des zones citées précédemment est variable selon l'état
psychologique et somatique (organique) du patient. Ainsi, en cas de
fatigue, de manque de sommeil, ces points sont susceptibles d'être plus
importants (en nombre). D'après certaines équipes spécialisées en
rhumatologie (Pr Blotman de Montpellier entre autres), l'absence de
réponse à un antalgique (antidouleurs) serait relativement
caractéristique de la fibromyalgie.
Par
comparaison, certaines zones ne sont pas douloureuses. Il s'agit entre
autres du front, de l'avant-bras et de l'avant de la cuisse. Le reste
du corps ne présente pas d'anomalie. Les articulations sont indemnes,
les chevilles ne sont pas toujours gonflées (ou bien il agit d'une
autre maladie).
L'examen clinique des autres parties du corps ne
montre aucune anomalie (articulation, os, muscle, ligament, aponévrose,
peau etc.). En particulier l'examen neurologique concernant le système
nerveux central et le système neurovégétatif (sympathique et
parasympathique) est normal.
Labo
Les
examens à réaliser vont permettre d'éliminer d'autres diagnostics
proches de cette pathologie qui le plus souvent entre dans le cadre de
la consultation de rhumatologie, ce sont :
- Glycémie
- Numération formule sanguine (nombre de globules blancs, de globules rouges et de plaquettes)
- Vitesse de sédimentation
- Protéine C. réactive
- Ionogramme sanguin
- CPK
- Transaminases
- Taux de phosphore et de fer dans le sang
- Anticorps antinucléaires
- Enzymes musculaires
- TSH
- Facteurs rhumatoïdes
- Calcémie
- Recherche d'auto-anticorps (antinucléaire, anti mitochondries etc.)
- Recherche d'une sérologie d'hépatite virale.
Habituellement, ces examens sont normaux.
Diagnostic differentiel
Pour
porter le diagnostique de fibromyalgie il est nécessaire de retenir les
critères émis par l'American College of Rheumatology en 1990.
L'affirmation du diagnostic nécessite que l'on retrouve au minimum 11
points douloureux sur 18 quand on effectue une pression sur les zones
caractéristiques de la fibromyalgie.
Pour certains spécialistes la présence de cinq points douloureux est suffisant pour affirmer le diagnostic de fibromyalgie.
À
ce s'ajoute ce que l'on appelle les critères mineurs c'est-à-dire
certains symptômes que présentent le patient en plus, des douleurs à la
pression du pouce par l'examinateur. Il s'agit :
- D'une asthénie (fatigue).
- D'une anxiété.
- De troubles du sommeil.
- D'une colopathie fonctionnelle.
- D'une céphalée chronique (maux de tête).
- D'une impression de gonflement des tissus mous.
- D'un engourdissement.
- De paresthésies (fourmillements) des extrémités.
- D'une aggravation de la douleur entraînés par l'anxiété ou le stress voir par des modifications climatiques.
Le diagnostic de fibromyalgie ne peut être porté qu'après avoir éliminé d'autres affections telles que :
- La polyarthrite rhizomélique.
- Une arthrose généralisée.
- Une polyarthrite rhumatoïde.
- Une polymyosite.
- Une connectivite.
- Un rhumatisme inflammatoire.
- Une dépression.
- Un stress.
- Une pathologie du sommeil (syndrome d'hyposommeil).
- Une asthénie chronique.
- Des perturbations psychologiques susceptibles d'entraîner des contractures musculaires. (contractures musculaires psychogènes).
- L'hypothyroïdie.
- Le syndrome de Gougerot-Sjögren.La pseudoarthrite rhizomélique.
- La myofasciite à macrophages.
- Les connectivites.
- Le syndrome parkinsonien.
- Les états psychiatriques tels que la névrose et la dépression.
- La névralgie cervico-brachiale.
- L'épicondylalgie.
- Un névralgie d'Arnold.
- La périartérite scapulohumérale.
- La lombalgie.
- La sciatique.
- La dorsalgie.
- La cruralgie.
- Le syndromede Tietze.
- La périartérite de hanche.
- La gonarthrose.
- La tendinite de la patte d'oie (localisation à la face interne du genou).
Traitement
La fibromyalgie disparaît, plutôt rarement, grâce à un traitement adapté et à un suivi psychothérapique de soutien.
Les
traitements médicamenteux ne sont pas toujours efficaces. Ils font
appel aux décontracturants musculaires qui sont peu efficaces, aux
anti-inflammatoires (qui ne sont pas toujours efficaces voir jamais),
aux antidépresseurs, aux antidouleurs. En ce qui concerne les
antalgiques (antidouleurs), le tramadol semble plus efficace que les
autres. Ceci s'explique sans doute par son action faisant intervenir la
physiologie de la recapture de la sérotonine entre autres.
Certaines équipes médicales l'associent au paracétamol (Efféralgan).
Différents
antidépresseurs ont été utilisés. S'agit avant tout de l'Amitriptyline,
la Fluoxétine, la Paroxetine, le Citalopram etc.).
Des exercices
d'élongation ou des exercices en aérobiose ainsi qu'une amélioration du
sommeil peuvent apporter un certain bénéfice.
Le
reconditionnement à l'effort est utilisé parfois dans la Fibromyalgie.
Il semble que cette technique ne soit pas particulièrement appréciée
des patients. En effet elle entraîne quelquefois des lésions
musculaires et de la fatigue supplémentaire dont se plaignent les
patients fibromyalgiques.
Bibliographie
Place et signification des symptômes non douloureux de la fibromyalgie.
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Vade-mecum clinique de Fattorusso et Ritter.
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Blotman F., Touchon J. Polyenthésopathies Thérapeutique rhumatologique Paris: Flammarion; 1995. 607-614.
Yunus
M., Masi A.T., Calabro J.J., Miller K.A., Feigenbaum S.L. Primary
fibromyalgia (fibrositis): clinical study of 50 patients with matched
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E.
Thomas * : Praticien hospitalier, L. Missounga : Assistant des
Hôpitaux, F. Blotman : Professeur des Universités, praticien
hospitalier.
Service de rhumatologie (Professeur F. Blotman),
hôpital Lapeyronie, 191, avenue du Doyen-Gaston-Giraud, 34295
Montpellier cedex 5, France .
Adresses Utiles
FIBROMYALGIE FRANCE Union Française des Adhérents Fibromylagiques.
Fibromylagie : Hypothèse d’une insidieuse intoxication chronique.